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régnaient dans celte malheureuse et patriotique cité, 'et M. de
Chabrol, préfet royal, avait remplacé le préfet impérial, ce
qui n'empêchait pas celui-ci de se porter partout où sa pré-
sence était nécessaire, sans jamais quitter la cocarde trico-
lore. Son successeur ne se croyait pas aussi fort que lui ; il
le répétait à tout propos; cela lui servait à se débarrasser
des tâches difficiles ou dangereuses. Une circonstance spéciale
révéla toute la faiblesse de son caractère.
   Un sergent autrichien avait blessé dangereusement un bou-
cher français qui faisait la distribution des viandes; et le
bruit courait que le boucher succomberait à sa blessure.
M. Pons alla trouver son successeur, le pressa d'exiger une
justice prompte et solennelle de cet assassinat. M. de Cha-
brol s'épuisa en mauvaises raisons pour prouver qu'il n'avait
pas la faculté défaire celle démarche ; M. Pons insista ; M. de
Chabrol refusa. Alors M. Pons lui déclara qu'il allait lui-même
remplir une mission qui était la sienne , et cinq minutes
après il était en présence.du général en chef autrichien. Il y
 avait auprès de lui un Français qui fut reconnu être M. de
Polignac. M. Pons ne parla point en vaincu : sa parole était
haute, dure m ê m e , e t , du Ion le plus menaçant, il de-
 manda la punition exemplaire de l'assassin. Le général Bubna
 essaya de justifier son sergent ; M. Pons répliqua avec amer-
 tume qu'on n'excnsait pas un crime avant que le criminel fût
jugé, et qu'il était instant de juger celui contre lequel il
 venait porter plainte. « Mais , demanda le feld-maréchal, est-
 ce que vous vous constituez le chef de la population lyon-
 naise ? — Oui, répondit avec vivacité le brave commissaire
 de l'empereur; ouij si cela est nécessaire pour faire respecter
 la capitulation qui vous a ouvert les portes de la ville. Dans
 tous les cas , ne vous mettez pas en tète que voire armée
 puisse impunément l'accabler. » Le général Bubna comprit
 et respecta celle généreuse indignation : il donna l'assurance
 que le sergent serait mis en jugement. Ici nous devons re-
 lever un fait qui honore M. de Polignac. Loin que la rudesse