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232 régnaient dans celte malheureuse et patriotique cité, 'et M. de Chabrol, préfet royal, avait remplacé le préfet impérial, ce qui n'empêchait pas celui-ci de se porter partout où sa pré- sence était nécessaire, sans jamais quitter la cocarde trico- lore. Son successeur ne se croyait pas aussi fort que lui ; il le répétait à tout propos; cela lui servait à se débarrasser des tâches difficiles ou dangereuses. Une circonstance spéciale révéla toute la faiblesse de son caractère. Un sergent autrichien avait blessé dangereusement un bou- cher français qui faisait la distribution des viandes; et le bruit courait que le boucher succomberait à sa blessure. M. Pons alla trouver son successeur, le pressa d'exiger une justice prompte et solennelle de cet assassinat. M. de Cha- brol s'épuisa en mauvaises raisons pour prouver qu'il n'avait pas la faculté défaire celle démarche ; M. Pons insista ; M. de Chabrol refusa. Alors M. Pons lui déclara qu'il allait lui-même remplir une mission qui était la sienne , et cinq minutes après il était en présence.du général en chef autrichien. Il y avait auprès de lui un Français qui fut reconnu être M. de Polignac. M. Pons ne parla point en vaincu : sa parole était haute, dure m ê m e , e t , du Ion le plus menaçant, il de- manda la punition exemplaire de l'assassin. Le général Bubna essaya de justifier son sergent ; M. Pons répliqua avec amer- tume qu'on n'excnsait pas un crime avant que le criminel fût jugé, et qu'il était instant de juger celui contre lequel il venait porter plainte. « Mais , demanda le feld-maréchal, est- ce que vous vous constituez le chef de la population lyon- naise ? — Oui, répondit avec vivacité le brave commissaire de l'empereur; ouij si cela est nécessaire pour faire respecter la capitulation qui vous a ouvert les portes de la ville. Dans tous les cas , ne vous mettez pas en tète que voire armée puisse impunément l'accabler. » Le général Bubna comprit et respecta celle généreuse indignation : il donna l'assurance que le sergent serait mis en jugement. Ici nous devons re- lever un fait qui honore M. de Polignac. Loin que la rudesse