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 presqueinutiledansle commerce delà vie, et il s'expliquait avec
 une grâce et une modestie qui charmaient tous ceux qui ve-
 naient l'entretenir ou le consulter, de sorte qu'on sortait toujours
 d'auprès de lui aussi satisfait de sa politesse et de ses manières,
qu'étonné de sa doctrine et de la beauté de son esprit (1). »
   Voilà, certes , un bien bel éloge de la mémoire et de la
facilité du P. de Colonia ; il n'est pas possible d'y ajouter le
moindre trait. Mais on se demande s'il n'est point dicté par
l'esprit de corps, qui grossit toujours le bien et atténue le mal
avec le même empressement, lorsqu'il s'agit des membres
auxquels il s'intéresse. À cela donc, l'abbé Pernetli, qui juge
parfois très-rigoureusement le P. de Colonia, et qui ne l'épar-
gne point, répondra sans ambiguïté et sans emphase: « L ' a -
mour des lettres était une passion chez lui. Je l'ai beaucoup
connu , dans ma jeunesse ; il était pour moi et pour ceux de
mon âge un secours toujours présent, un objet d'émulation;
on avait envie de devenir savant, quand on l'entendait. Tous
les genres de littérature étaient de son ressort; il en parlait
mieux qu'il n'en écrivait; on s'adressait à lui de toutes parts pour
des pièces de prose et de vers; sa réputation sur cet article
était grande; on ferait plusieurs volumes de ce qu'il a com-
posé pour les autres. Avec assez d'esprit et de connaissances,
il n'avait pas l'art de cacher les précautions qu'il prenait pour
briller ; on s'apercevait aisément qu'il avait préparé le ma-
tin ce qu'il disait le soir. On ne pouvait le blâmer de ces
petites r u s e s , elles tournaient toujours à l'avantage des audi-
teurs , qui apprenaient plus de choses avec lui sur le c h a m p ,
qu'ils n'en auraient appris (sic) plusieurs fois de suite dans les
livres (2) » Il n'est donc pas possible d'élever le plus petit
doute sur les vastes connaissances du pieux Jésuite, ni sur la
manière dont il savait en faire usage dans la société et dans
ses écrits.


  (1) Mém. de Trévoux . 1741 , novembre , pag. 2102.
  (2) Les Lyonnais digne* de mémoire, lom. II, pag. 299.