page suivante »
144 Les écoles et les systèmes se succèdent et se détrônent, comme dans ces empires en dissolution, où le caprice de la multitude disposait aveuglément de la pourpre impériale. — Triste spectacle , qui reparaît à chaque exposition annuelle ! débat de mode et de v a n i t é , dans lequel l'art est un intérêt oublié! lutte d'orgueil et de fortune entre les célébrités con- temporaines! guerre de noms propres et de coterie! De tout t e m p s , je le s a i s , les grandes supériorités ont entraîné dans leur orbite les organisations secondaires ; celles- ci venaient se rattacher à elles comme un essaim d'abeilles, mais par l'attraction naturelle d'un sentiment homogène et non par cupidité ou raisonnement. L'élève du grand maître, doué d'une individualité élevée, n'abdiquait ni sa nature ni son originalité; il cheminait dans la voie qui lui était ouverte, s'iniliant, sous l'inspiration du génie , aux mystères sacrés de l'art, pour marcher seul ensuite , lorsque le travail et la méditation avaient mûri ses forces. — D'ailleurs la science des procédés techniques et celle de la f o r m e , voilà surtout ce qu'il allait acquérir dans l'atelier du grand peintre. — Quand il avait accompli ce noviciat de consciencieuses éludes, il demandait à son ame le secret de la création. Animé d'une foi vive et forte, son art lui apparaissait comme un rhythme et une langue sublimes, que Dieu avait mis en son sein pour le glorifier sous une forme nouvelle. Aussi voyons-nous qu'aux grandes époques de la peinture italienne, l'art se liait inti- mement aux croyances religieuses. Il recevait de celles-ci le sentiment et la grandeur. Outre que la décoration des églises, des cloîtres, des palais , devenait pour la peinture une source inépuisable de magnifiques travaux, et par cela même une excitation féconde, c'était encore à ses yeux œuvre de piété en même temps que satisfaction d'artiste. On comprend Combien l'imagination de ces hommes d'élite devait être vivement impressionnée par la poésie et l'idéa- lité du catholicisme, alors qu'une misérable et stérile philo- sophie n'avait pas remplacé la simplicité du cœur par l'insa-