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faire sentir qu'il est important de bannir de nos temples les
honteuses élucubrations musicales qu'on y e n t e n d , et q u e ,
quoique l'art proprement dit n'existe pas à Lyon, le goût de
la musique ( p e r v e r t i , il est vrai) s'y révélant d'une manière
évidente, l'établissement projeté d'un Conservatoire serait
d'une incontestable utilité. Ma tâche sera remplie quand
j'aurai rappelé les bienfaits de la Société des Amis des Arts ,
les encouragemenle qu'elle donne, les efforts généreux qu'elle
fait depuis deux ans.
   Je ne terminerai cependant point sans répéter ce que j'ai
déjà dit tout-à-Pheure ; Lyon est une ville éminemment ar-
tiste, qui n'a besoin que d'un premier élan pour adopter
toutes leâ idées d'émancipation intellectuelle et de décentra-
lisation. D'ailleurs je peux donner pour dernière preuve de
ce que j'avance ce qui m'est arrivé.
   Pour moi, mes compatriotes se sont souvenus du précepte
d'Horace : Hedera crescentem ornate poetarn; non qu'ils m'aient
couronné de lierre ; mais ils m'ont entouré de tant de bien-
veillance , que je suis heureux aujourd'hui de pouvoir leur
montrer toute ma gratitude. Hélas! quand un pauvre artiste,
ignoré de tous , s'attache volontairement pour un souffle de
gloire au pilori de la scène, ne faut-il pas que quelques
voix amies l'encouragent à parcourir bravement la rude car-
rière dans laquelle il s'avance ?
   Aujourd'hui, j'en suis sûr, que viennent à Lyon d'autres
artistes , jeunes et confiants dans l'avenir, si quelque main
habile dirige leurs premiers pas, rectifie le désordre de leurs
pensées , modère les écarts de leur imagination, ils trouve-
ront mieux encore que moi une flatteuse hospitalité, et feront
mentir les discours calomnieux, qui prétendent que notre
patrie ne sait comprendre ni les arts ni les artistes.
                                            A. MANIQUET.
  Paris , 8 janvier 1838.