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116 tentions des amateurs, celles mêmes de quelques artistes-, pourquoi faut-il que de puériles questions de préséance soient devenues d'insurmontables obstacles ?... Parlerai-je encore des réunions qui avaient jadis lieu chez M. Dumas, enlevé si prématurément à ses amis, et dont les encouragements étaient si précieux pour l'art ? Depuis cette mort funeste, Haydn, Mozart, Ries et Beethoven se sont tus, et personne n'a rien tenté pour les faire sortir de ce silence désespérant. J'ai dit cependant qu'on aimait la musique à Lyon : peut- être me serait-il permis de revendiquer, pour ma part, quel- ques-uns des efforts qui ont été faits pour l'y rendre popu- laire. Il y a quelques années, qu'à ma prière , quelques jeunes gens s'unirent à moi ; trop peu exercés pour dire de la mu- sique sérieuse , pressés d'ailleurs par une impérieuse voca- tion d'artiste, nous livrant sans but, sans règle, à tous les égarements d'une imagination désordonnée, nous écrivîmes une musique à nous , musique bien singulière ; nous avions besoin d'un théâtre, nous choisîmes la ville entière , et nous jetâmes chaque nuit nos accords à qui voulut les entendre. Oh! qui nous rendra les fraîches idées de notre jeunesse ? Où pourrions - nous désormais retrouver le tour original qu'elles avaient alors? A notre exemple, d'autres sociétés se formèrent; puis on sentit le besoin d'envisager l'art sous un point de vue plus sérieux ; on songea à la musique soi-disant sacrée, et alors le cornet à piston envahit les églises. On joua des galops et des valses aux moments les plus solennels ; chaque paroisse eut son orchestre, et ce fut à qui rappellerait le plus exac- tement le genre de Strauss et de Muzard. Je vous demande ce qu'ont de sacré tous ces airs d'opéra, et si, pour être joués dans des églises, ils sont moins pro- fanes et mondains. A ce propos, encore une petite anecdote qui prouve de