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Les petits agréments qui de notre planète
Font un séjour si doux, formaient un chiffre honnête:
Guerre , peste , journaux , famine , choléra ,
Doctrinaires , romans, police , et cœtera ,
C'était assez. Mais non, pour combler la mesure ;
Des enfers a surgi plus cruelle torture,
La Musique, bon Dieu! sous milie aspects divers,
Se pose, en ce moment, l'effroi de l'univers.

Musique , que veux-tu ? sans trêve , sur ma tète ,
Faut-il de tes accords voir fondre la tempête!
Ne pourrai-je dormir, manger, me promener ,
Sans qu'un bruit odieux vienne m'assassiner !
L'innocent flageolet, la guitare candide,
Le crépitant basson, le rauque ophicléïde,
Tout l'escadron affreux des instruments d'airain,
Le violon criard qui jure sous le crin,
 Le piano discord, rival des castagnettes,
 Les flûtes, les hautbois, tambours ou serinettes ,
 Viendront-ils, sans relâche , en leurs aigres concerts ,
 Me briser la cervelle et m'agacer les nerfs,
 Et, frappant tous mes sens d'un bruit insupportable ,
 Me faire , dans un jour, cent fois donner au diable.

 Si, du moins, par le Maire on était prévenu
 Qu'à telle heure, tel jour , sur un point convenu ,
 Un orchestre en plein vent jettera sa musique,
 De même qu'on nous dit : Sur la place publique,
 La police , tel jour, répandra du poison