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88 rêvant la création dans sa vie générale, dans sa beauté d'har- monie; Thuillier, plus restreint, s'arrêtant devant chaque perfection de détail. Et chose étrange, tous deux semblent s'arrêter en même temps; tous deux semblent subir l'influence plus dominante d'opinions systématiques ! comme on a loué en eux certaines qualités éminentes , peut-être arrivent-ils à penser qu'elles seules suffisent; c'est ainsi qu'on se crée une manière bornée, exclusive, qui finit par perdre son mérite réel par l'abus qu'on en fait. Ainsi la vue prise dans les Àrdennes est d'une touche lourde; cela ressemble à un dessin de chenille, par l'exagération de l'empâtement. Le paysage n° 291 présente les mêmes défauts; le n° 292 est mieux; le versant des collines du fond est très- heureusement rendu ; l'effet de lumière est excellent. Je re- trouve là Thuillier de l'année dernière, avec moins de fermeté dans le dessin, et moins de simplicité dans la composition. Mozin a adopté une couleur cuivrée qui nuit à l'effet de ses ouvrages. Sa plage de Cayeux est d'un aspect désagréable. Deux petits tableaux de Coignet sont arrivés vers la fin du salon, comme pour stimuler la curiosité épuisée. L'un est une Marine, l'autre est la Vue du lac de Garde. Le peintre a voulu se faire remarquer comme une petite-maîtresse qui vise à un succès de salon par l'originalité de sa mise; il a choisi un coucher de soleil, inondant la cime des flots de sa lumière scintillante. Chaque aigrette de la vague est une pointe de feu ; il y a beaucoup d'art et un peu de manège dans l'opposition de ces éclairs lumineux et légers avec la brune épaisseur de la mer; pour moi, je trouve que cela tombe trop dans la flamme de punch. — Du reste, la combi- naison était adroite et le .succès certain auprès de la foule prompte à s'émerveiller d'un effet aussi tranché. Sans contredit, le pinceau de Coignet a beaucoup de dex- térité et de finesse. Le lac est un tableau gracieux; certaines parties sont rendues avec infiniment de talent. Les eauxrap-