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81 mais il est loin d'avoir atteint la pureté de trait et le fini de celui-ci. Je ferai le même reproche à la Flore de Riesener. Rien de plus gracieux que la pose de la déesse couchée sur un lit de fleurs. Le raccourci serait heureux s'il eût été rendu avec plus de correction. La coulenr est riche. Malheureusement ce n'est presque qu'une ébauche, et le sujet aurait plus besoin, que tout autre d'être très-achevé. Ce qui donne tant de puis- sance aux études d'Hyppolile Flandrin, c'est la vigueur et le fini du modelé, joints à une grande correction de dessin. Ce sont les conditions vitales de toute figure nue, et elles man- quent à celle de Riesener. L'Odalisque de Colin, qui fait pendant à la Flore de Riese- ner, est sans contredit mieux modelée. Il y a une finesse de ton remarquable dans les chairs ; il est dommage que la forme manque de noblesse. Le raccourci de la cuisse est maladroit. Le Marché aux Cheveux, du même auteur, n'est cer- tainement pas sans mérite. Cela vaut mieux que les bouche- ries de Grecs ou de Turcs exposées l'an dernier par lui ou sa famille. La composition de ce petit tableau est animée ; les figures sont bien dessinées, les groupes heureusement distribués. Je ne trouve à ce tableau que cette teinte grise et uniforme qui donne à l'action, plutôt plaisante que triste, quelque chose de terne ou de lugubre. Décidément l'organisation de Jaquand est emprisonnée dans la grande muraille de Chine. Il faut presque désespérer de le voir aller au-delà de ce qu'il a produit. Ce sont toujours les mêmes figures qui posent périodiquement, tantôt sous le costume de la Fronde , tantôt sous celui des ligueurs, hier avec la toge de Thomas Morus, aujourd'hui avec la robe de Jocelyn. Il semble que pour Jaquand l'homme n'est qu'un mannequin , un porte-habit, un moyen de mettre en relief des étoffes, des arquebuses, des jeux de lumière. Quant à l'action , quant au drame, il s'en inquiète fort peu. Entre? 6