page suivante »
73 et l'Euripide de Flandrin, ni le Naufrage de^Gudin, ni la Grande plage de Guindrand ; en revanche , il me parait que les mauvaises choses sont en plus petit n o m b r e . Les artistes l y o n n a i s , pour lesquels plus spécialement a été créée l'Ex- position, ne se sont pas montrés fort empressés. Plusieurs, dit-on , ont boudé le comité, lui reprochant une certaine par- tialité en faveur des étrangers ; on l'a blâmé de ses démar- ches près des peintres parisiens pour obtenir des envois de tableaux ; reproche tant soit peu égoïste et mesquin que je louerais beaucoup la commission d'avoir plus largement mé- rité. Comme l'an p a s s é , Flandrin est encore le roi de l'Expo- sition : deux admirables Etudes et une petite Esquisse, voilà tout ce que l'élève de Rome a envoyé. Ces Eludes sont de merveilleuses statues, mais resplendissantes de v i e ; le sang circule, la chair palpite. Peut-être pourrait-on trouver la cou- leur un peu systématique ; peut-être l'influence du maître sous lequel s'est développé ce jeune peintre se fait-elle trop sentir! En présence d'une individualité si puissante et si vraie, on se prend à la désirer complète et sans mélange de sou- venirs d'école ; cela viendra tôt ou tard ! Les Bergers de Virgile respirent je ne sais quel parfum antique ; cette petite esquisse n'a rien de la sécheresse clas- sique ; les vers du poète latin ne sont ni plus frais, ni plus champêtres ; la composition est délicieuse de simplicité et d'harmonie. Avec un cadre aussi étroit et dans un sujet aussi naïf, on ne saurait mettre plus de diversité. Les figures n'ont pas plus de trois à quatre pouces de hauteur ; elles sont vi- goureusement indiquées, d'une expression beaucoup plus sentie que ne le comporte d'ordinaire une esquisse. Auguste Flandrin a enfin compris qu'un nom si bien illustré par son frère, lui imposait de véritables obligations. Plusieurs ouvrages attestent qu'il a sérieusement travaillé. Tout le monde connaît la suave ballade de R e b o u l , ce poète nîmois q u i , en pétrissant son p a i n , rencontre de sublimes