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42 n'est pas divisée en printemps, é t é , automne et hiver : deux saisons y sont seules connues, celle où l'on prend les b a i n s , celle où on ne les prend pas. Tant que la première dure , la petite ville conserve une physionomie des plus animées, les auberges regorgent de baigneurs , les maisons particulières se transforment en hôtels garnis, et le propriétaire, pour- chassé d'étage en étage par les nouveaux arrivants , auxquels il est toujours prêt à céder son logement, moyennant cer- tains accommodements, se réfugie sous les toits ou dans tout autre coin reculé de son habitation- Pendant cette brillante période de l'année, les b a l s , les plaisirs, les parties se suc- cèdent : d'élégants équipages roulent sur les routes, les dames vont en bateau sur le l a c , et affrontent les tempêtes de celle petite Médilerrannée , ou bien elles tentent des excursions à âne sur les montagnes du voisinage. Mais quand cette heu- reuse saison est passée , adieu les plaisirs , adieu la pluie d'or! la petite ville redevient petite ville, le calme succède au bruit et au mouvement; elle semble s'engourdir comme les marmolles, pour ne se réveiller que l'année suivante, lorsque commence son printemps , c'est-à -dire la saison des eaux. Au surplus, Aix doit à ses établissements thermaux une civilisation exotique, fruit de son contact avec les étrangers. Ses habitants sont plus sociables , plus accueillants que ceux d'autres localités de plus grande importance : elle a des cer- cles, des cafés , de bons et vastes hôlels. Nous soupà mes et nous couchâmes à Aix. Le lendemain , 21, à une heure du matin, nous nous arrachâmes au sommeil pour aller rejoindre l'Abeille sur le lac du Bourgel, et nous nous mîmes immédiatement en roule. Nous traversâmes le lac au milieu d'une nuit faiblement éclairée par la l u n e , que cachait un rideau transparent de nuages marbrés tendu d'un côté à l'autre des montagnes. Celte traversée nocturne ne fut point sans charmes : les formes indécises des montagnes qui montraient de chaque côté leurs masses confuses et noirâtres, les eaux agitées du lac , sur lesquelles se reflétaient les pâles