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n'est pas divisée en printemps, é t é , automne et hiver : deux
saisons y sont seules connues, celle où l'on prend les b a i n s ,
celle où on ne les prend pas. Tant que la première dure , la
petite ville conserve une physionomie des plus animées, les
auberges regorgent de baigneurs , les maisons particulières
se transforment en hôtels garnis, et le propriétaire, pour-
chassé d'étage en étage par les nouveaux arrivants , auxquels
il est toujours prêt à céder son logement, moyennant cer-
tains accommodements, se réfugie sous les toits ou dans tout
autre coin reculé de son habitation- Pendant cette brillante
période de l'année, les b a l s , les plaisirs, les parties se suc-
cèdent : d'élégants équipages roulent sur les routes, les dames
vont en bateau sur le l a c , et affrontent les tempêtes de celle
petite Médilerrannée , ou bien elles tentent des excursions à
âne sur les montagnes du voisinage. Mais quand cette heu-
reuse saison est passée , adieu les plaisirs , adieu la pluie
d'or! la petite ville redevient petite ville, le calme succède
au bruit et au mouvement; elle semble s'engourdir comme
les marmolles, pour ne se réveiller que l'année suivante,
lorsque commence son printemps , c'est-à-dire la saison des
eaux. Au surplus, Aix doit à ses établissements thermaux une
civilisation exotique, fruit de son contact avec les étrangers.
Ses habitants sont plus sociables , plus accueillants que ceux
d'autres localités de plus grande importance : elle a des cer-
cles, des cafés , de bons et vastes hôlels.
   Nous soupàmes et nous couchâmes à Aix. Le lendemain ,
21, à une heure du matin, nous nous arrachâmes au sommeil
pour aller rejoindre l'Abeille sur le lac du Bourgel, et nous
nous mîmes immédiatement en roule. Nous traversâmes le
lac au milieu d'une nuit faiblement éclairée par la l u n e , que
cachait un rideau transparent de nuages marbrés tendu d'un
côté à l'autre des montagnes. Celte traversée nocturne ne fut
point sans charmes : les formes indécises des montagnes qui
montraient de chaque côté leurs masses confuses et noirâtres,
les eaux agitées du lac , sur lesquelles se reflétaient les pâles