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graviers avaient tenu à distance reparaissent de nouveau et
viennent animer la perspective. Plus haut, les eaux bleues
et limpides de la Fière, torrent par lequel s'écoule le trop
plein du lac d'Annecy, accourent se mêler aux eaux déjà moins
limpides du Rhône. Nous touchons au terme de noire voyage.
Au fond d'une espèce d'entonnoir, formé par le rapproche-
ment des deux chaînes de montagnes, nous apercevons Seys-
sel, point le plus reculé de notre exploration.
    Seyssel est un gros bourg ou une petite ville, séparée par
le Rhône, resserré ici dans un canal assez étroit, en deux
parties distinctes, dont l'une appartient à la France, et l'autre
à la Savoie. Ces deux moitiés d'un même tout étaient jadis
réunies par un assez mauvais pont de bois qu'une crue du
 fleuve a emporté, et dont on aperçoit encore quelques 'ves-
tiges dans son lit, du côté de la rive sarde. Chaque moitié a
son autorité municipale, sa douane, son gouvernement, son
église, son clocher. Le clocher de Seyssel-Savoie a la forme
 d'un cône pointu et fort allongé, comme la plupart de ceux
que nous avions aperçus sur la rive sarde dans notre trajet de-
puis Groslée. Comme eux aussi, il est entièrement recouvert
 de fer-blanc, double particularité à laquelle il doit de res-
sembler d'une manière frappante à un gigantesque éteignoir.
 L'ensemble des deux Seyssel, leur position au milieu de la
 vallée vaste et découverte du Rhône, au pied des contreforts
 que projettent jusqu'à son bord les deux chaînes de monta-
 gnes, a quelque chose d'assez pittoresque.
    L'approche de VAbeïïle , rétardée par les inextricables dé-
 tours de cette plaine sablonneuse^, à laquelle les gens du
 pays ont donné un nom d'une élymologie facile , la Mal-Our-
 die, avait été signalée à Seyssel long-temps avant son arrivée.
 Toute la population de cette petite ville et des environs fut
 sur pied. Du plus loin que nous aperçûmes ce terme de nos
 fatigues, nous vîmes les toits, les terrasses et tous les empla-
  cements d'où l'on pouvait apercevoir le lit du fleuve, garnis
 d'une foule empressée. Chacune des deux villes voulut celé-