Revue du Lyonnais » série 1 - n°7 ( 1838 ) » pp.032

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en communication la rive française et la rive sarde. Au reste,
c'est à peine si, dans ce désert, et, en dehors de la forteresse,
on trouve trace d'habitations humaines. Si ce n'étaient quel-
ques masures bâties au pied du rocher et quelques maisons
un peu plus apparentes sur la rive s a r d e , on se croirait sé-
questré du genre humain. L à , pas la plus petite auberge
pour les voyageurs , et ceux d'entre nous qui ne prirent pas
bravement le parti de coucher à bord de VAbeille, furent
obligés d'aller chercher un gîte dans un village qui se trouve
à quelque distance.
   Le lendemain, nous nous mîmes en route de bonne heure,
et nous pûmes contempler les beautés sauvages de ce site.
Le fort de Pierre-Chàtel, b â t i , comme je l'ai dit plus h a u t ,
sur un rocher de quatre ou cinq cents pieds de hauteur per-
pendiculaire au-dessus du lit du R h ô n e , domine d'un côlé
la vaste vallée où serpente le fleuve , et que les montagnes
du Bugey terminent à l'horizon ; de l'autre , l'étroit défilé où
les eaux du fleuve sont resserrées avant de déboucher dans
la plaine. Posté comme une vedelte avancée sur l'exlreme
confin de la frontière française, il commande les montagnes
de la Savoie, qui lui sont opposées, et il est lui-même do-
miné par les montagnes auxquelles il est adossé. Ce fut de
ce côté que les Autrichiens l'attaquèrent en 1814, mais sans
pouvoir s'en rendre maîtres.
    La gorge où coule le R h ô n e , au pied du fort, est une des
belles horreurs qui se puissent voir. De chaque côté s'élèvent
des rochers perpendiculaires de cinq ou six cents pieds de,
 hauteur, et dont les bases rapprochées ne laissent entre elles
 que l'espace nécessaire au lit du fleuve, puis à un chemin
 taillé dans le roc , du côté de la Savoie , et à un talus irré-
 gulier , formé des débris amoncelés de la montagne qui s'é-
tend jusqu'au lit du Rhône , du côté de France.
   De toutes p a r t s , dans les flancs de ces rochers, on voit
s'ouvrir, béantes sur l'abîme , des grottes inaccessibles dont
nul profane n'a jamais sondé les profondeurs souterraines;