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une vaste plaine sur laquelle se balancent les têtes de quefc
ques peupliers d'Italie, et terminée par ce rideau de hauteurs-
imperceptibles qu'on appelle les Balmes Viennoises. A gauche,
une autre chaîne de collines plus élevées , mais peu acciden-
téesj désertes, d'un aspect sombre et m o n o t o n e , que n'é-
gaient pas ces mille maisons dont sont émailléés les cam-
pagnes dans les autres environs de Lyon. La route de Genève,-
comme un long r u b a n , serpente sur le flanc de ces hauteurs
ou rampe à leur pied. Toutefois cet aspect sauvage, celle so-
litude aux abords d'une ville populeuse, tout près des riantes
campagnes du L y o n n a i s , onl je ne sais quel caraclère d e
grandeur e t d e mélancolie qui ne laisse pas d'avoir son charme.
   Hâtons-nous d'arriver aux montagnes que déjà nous voyons
surgir à l'horizon. Sur la d r o i t e , nous laissons Jonage et son
château neuf, qui s'élève non sans une certaine ambition sur
le sommet d'un coteau b o i s é , baigné par le fleuve. On aper-
çoit au milieu des terres les ruines du vieux château ; ces
ruines consistent en quelques pans de murailles informes,
sans hardiesse et sans grâce, qui ne méritent pas un seul
regard.
   Notre approche commençait à faire sensation dans les
campagnes riveraines. Sur la crête des b e r g e s , sur les blocs
de ponddings éboulés au pied des coteaux rongés par le
R h ô n e , on apercevail les villageois, groupés d'une manière
pittoresque, semés de distance en distance sur les rives ver-
doyantes , et saluant l'Abeille par de joyeux hourras , aux-
quels répondaient les gens de l'équipage. Le cortège des po-
pulations riveraines ne va plus nous quitter. Partout la chemin
née blanche de notre paquebot s'avançant au milieu des peu-
pliers et des saules du rivage, et son panache de fumée qui
s'échevèle au souffle de la b i s e , et projette au loin sur les
prairies ses ondes noirâtres, signalent notre approche aux ha-
bitants des deux rives. Partout d'amicales salutations s'échan-
gent entre eux et les passagers. Rien n'a jeté du charme sur
notre exploration comme ce sentiment de curiosité qui attirait