page suivante »
534 CABINET DE M. DIDIER PETIT. Nous espérons que le beau cabinet de M. Didier Petit vien- dra bientôt enrichir notre Musée, si pauvre en objets d'art a n t i q u e ; la ville va traiter pour l'achat de cette précieuse collection unique en province, et qui rivaliserait avec les plus célèbres de la capitale par le goût éclairé avec lequel elle a été composée. De laborieuses recherches ont procuré à M. Di- dier Petit des tissus de soie, de laine, fort curieux sous le rapport de la fabrication, d'anciennes broderies d'une perfec- tion idéale, et de riches tentures tissées de soie d'or et d'argent avec des figures qu'on croirait dessinées par Raphaël, tant elles sont pures et gracieuses. A ces précieux spécimen d'un intérêt incontestable pour notre cité manufacturière, se joi- gnent des manuscrits rares, des armes, des ivoires d'un travail exquis, des poteries de B. Palissy, des verres de Yenise, des petites statuettes moyen-âge ravissantes, de précieux t r y p - tiques de plusieurs époques, d'excellentes peintures gothiques, entr'autres une vierge de Cranach, et une collection d'émaux comme aucun cabinet particulier n'en possède ; depuis l'é- poque bysanline jusqu'à nos jours, toutes les phases de cet art sont représentées dans une suite de coffres, coupes, p o r - traits, tableaux, tryptiques. Quoique l'art d'émailler ait pris naissance chez les Phéniciens 6t les Egyptiens^ auxquels les Grecs durent toute leur civilisa- tion, et que ceux-ci nous aient laissé assez d'émaux pour juger des progrès de cet art chez eux, ce ne fut pourtant qu'à Rome qu'on commença à entailler le métal, et à y couler de l'émail, et là , s'arrêtèrent les progrès ; on peut donc consi- dérer cet art comme tout-à -fait français, puisque au Xe siècle, il y avait déjà dans les Gaules des fabriques d'émaux très importantes ; au XII e , nous les trouvons établies à Limoges, Occupant des ouvriers grecs, ainsi que le témoigne une ins-