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520 sorte c'est elle-même qui s'est battue. Il est vrai qu'elle ou- blie cela dans l'instant q u ' o n la bat ; mais dès qu'elle a r e - pris ses sens, elle s'en souvient et alors elle est attendrie et elle ressent u n nouvel amour, plus vif encore, en voyant combien elle a de pouvoir sur son amant. » Le célèbre Alibert, dans son beau livre de la Physiologie des passions, n'a certainement rien dit d'aussi profond. Voilà donc le grand mystère expliqué. M a i n t e n a n t vous auriez beau vous révolter contre la doctrine active, ses preuves et ses bases sont là inébranlables, comme la n a - t u r e même d'où elles dérivent. E n effet, qu'est-ce que l'amour ? c'est un sentiment de t r o u b l e , d'inquiétude, de fureur et d'exaltation qui s'em- pare d e l'âme, la domine et la façonne à son gré. O r , quels sont les signes les plus certains de l'exaltation et de la fureur, sinon les coups? Plus u n amant extravague plus il a l'esprit de son métier. Aimer et battre ne font q u ' u n e cbose, selon le mot profond d'Aristopbane. E t que faisait n o t r e roi français, le plus galant des rois, Henri I V ? La chanson n o u s le dit : Ce diable à quatre A le triple talent De boire et de battre Et d'être un vert galant. Battre qui ? je vous le d e m a n d e , quand on est un vert galant! Les grandes vérités sont populaires. Traversez le P o n t - Neuf, à Paris, vous êtes sûr de r e n c o n t r e r , au pied de la sta- tue du roi vert-galant, un marchand de joncs, qui, en vous offrant sa marchandise, vous criera : Battez vos chapeaux, vos habits, vos canapés, Vos maîtresses, vos femmes, si vous en ave?.