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512 tention sont la preuve du contraire; c'est la remarque que fait l'ingénieux et érudit champenois Grosley. En effet, dans une élégie que Tihulle adresse à Zélie, le poète s'ex- prime ainsi (1) : « Je ne veux point te frapper, mais si « cette fantaisie me venait, je désirerais que les dieux me « privassent de mes mains. » Et plus loin, comme s'il, se reprochait ce qu'il vient de dire, Tibulle le plus poète des amoureux et le plus amoureux des poètes, s'écrie : « Contentons-nous de dé- chirer la robe de notre maîtresse, de lui arracher sa coè'f- fure et de faire couler ses larmes. O quatre fois heureux, celui qui dans sa colère a fait verser des pleurs à celle qu'il aime ! » Et puis viennent tout aussitôt dans la même élégie (2) de très jolis vers sur le plaisir de battre la femme qu'on aime et les avantages qu'on en retire « on arrache les « cheveux à ce qu'on aime, dit le charmant poète, on en- « fonce sa porte, on meurtrit ses joues, on fait couler « ses pleurs. Il est vrai que le vainqueur gémit bientôt « de sa victoire, mais l'amour s'en applaudit.... » Properce avait à cet égard des idées assez singulières : il s'imagiuait qu'il ne convenait point à un poète de bat- tre sa maîtresse (3). Avec ces beaux sentiments, cette dé- licatesse de procédés, il n'en est pas moins vrai que sa belle Gyuthie ayant voulu éteindre sa petite lampe cubl- culaire qui brûlait auprès de son lit, Properce, qui aimait à voir clair dans ses plaisirs, se fâcha très fort et il s'en fallut de bien peu que le poète n'oubliât ses préceptes ; (1) Tibulle,Yib. 1, eleg.Ht. (2) Jfo'd., lib. 2, eleg. 12. (3) l'roperc.fïïh. 2, eleg. i.