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 tention sont la preuve du contraire; c'est la remarque que
 fait l'ingénieux et érudit champenois Grosley. En effet,
 dans une élégie que Tihulle adresse à Zélie, le poète s'ex-
 prime ainsi (1) : « Je ne veux point te frapper, mais si
 « cette fantaisie me venait, je désirerais que les dieux me
 « privassent de mes mains. »
    Et plus loin, comme s'il, se reprochait ce qu'il vient
 de dire, Tibulle le plus poète des amoureux et le plus
 amoureux des poètes, s'écrie : « Contentons-nous de dé-
 chirer la robe de notre maîtresse, de lui arracher sa coè'f-
 fure et de faire couler ses larmes. O quatre fois heureux,
 celui qui dans sa colère a fait verser des pleurs à celle qu'il
 aime ! »
    Et puis viennent tout aussitôt dans la même élégie (2)
 de très jolis vers sur le plaisir de battre la femme qu'on
 aime et les avantages qu'on en retire « on arrache les
 « cheveux à ce qu'on aime, dit le charmant poète, on en-
 « fonce sa porte, on meurtrit ses joues, on fait couler
 « ses pleurs. Il est vrai que le vainqueur gémit bientôt
 « de sa victoire, mais l'amour s'en applaudit.... »
   Properce avait à cet égard des idées assez singulières :
il s'imagiuait qu'il ne convenait point à un poète de bat-
tre sa maîtresse (3). Avec ces beaux sentiments, cette dé-
licatesse de procédés, il n'en est pas moins vrai que sa
belle Gyuthie ayant voulu éteindre sa petite lampe cubl-
culaire qui brûlait auprès de son lit, Properce, qui aimait
à voir clair dans ses plaisirs, se fâcha très fort et il s'en
fallut de bien peu que le poète n'oubliât ses préceptes ;


  (1) Tibulle,Yib. 1, eleg.Ht.
  (2) Jfo'd., lib. 2, eleg. 12.
  (3) l'roperc.fïïh. 2, eleg. i.