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brûler les corps, et celle de les inhumer simplement. Cette simulta-
néité paraît indiquée, en effet, par les dispositions que prend Funda-
nius, lorsqu'il ne se réserve qu'un eippe, tandis qu'il dépose dans un
sarcophage le corps de son élève, celui-ci, sans doute, en ayant ex-
primé le désir à ses derniers instants. Si l'on en juge ainsi, notre
monument présentera un intérêt spécial, comme fournissant une
donnée de quelque importance pour la discussion d'une question
assez neuve encore, et qui m'a toujours paru difficile. Peut être aussi,
cette diversité de sépulture autoriserait-elle à présumer, non sans
beaucoup de vraisemblance, que le jeune élève de notre vascularius
aurait embrassé le christianisme qui fit dans notre ville, au IIe
siècle, un si grand nombre de prosélytes (1). Pour donner du
poids à ces conjectures, qu'on me permette de rappeler brièvement
quelques faits qui se rattachent aux diverses coutumes des Romains
dans les funérailles.
    On sait que la crémation, c'est-à-dire la coutume de brûler les ca-
davres, était généralement établie à Rome à une époque fort ancienne :
divers écrivains nous l'apprennent (2). Cependant Pline l'ancien a
fait aussi cette importante observation qu'elle n'y fut pas universelle ;
il cite la famille Comélia, parmi celles qui conservèrent constam-
ment l'ancien usage d'inhumer les défunts, et signale le dictateur
Sylla comme le premier de cette illustre race dont le corps fut livré
aux flammes, d'après sa volonté manifestée, et dans la crainte, sui-
vant toute apparence, que son cadavre ne fut traité comme l'avaient
été par lui les restes de Mari us (3). Il en était ainsi pour la Ville,
comme on parlait alors. Quant aux provinces, si elles adoptèrent en
grande partie les mœurs et les coutumes du peuple roi qui les in-
corporait à ses états, il paraît néanmoins qu'elles conservèrent aussi
une portion notable de leurs usages antérieurs, efcola est vrai no-

   (t) Privés aujourd'hui du monument que décrit Menestrier, nous n'avons
aucune donnée pour en préciser l'âge, mais il est peu vraisemblable qu'il fut
antérieur au II ou auIII e siècle, époque probable de l'immense majorité des
inscriptions lyonnaises.
  (2) Notamment Pline, Nal. hist. VII, 16 (14), 54 (55).
  (3) Nat. hist. VII, 54 (55).