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individuelle, mais commune à un certain nombre de per-
sonnes s'unissant aux vues du journaliste,à l'effet de devenir
majorité par la propagation de cette pensée. Cet état n'est
pas une dépendance du journalisme, mais une association •
c'est la direction d'un effort commun. Si à cette solidarité
était substituée une action individuelle, un journal n'aurait
plus ni signification ni valeur. Qu'homme de cœur et de
talent, le journaliste modifie ou transforme son propre
parti, en le guidant, il ne se met pas pour cela hors de lui.
   Les nécessités financières sont bien moins influentes
qu'on ne le pense, sur l'esprit des journaux, qui, à bien
peu d'exceptions près, sont des associations politiques,
désintéressées au moins sous le rapport de l'argent, et non
des spéculations commerciales. Dans celle-ci, il faut dis-
tinguer la propriété qui ne rédige pas et la rédaction qui
n'est pas propriétaire ; bien rarement ces deux qualités
sont confondues dans les mêmes personnes. 11 serait plus
vrai de reprocher au journalisme un autre assujétissement,
celui de la coterie et du patronage. Mais ai-je jamais pré-
tendu que les écrivains ne portaient pas, dans l'usage de la
presse, et leurs passions, et leurs intérêts? Non, mais que
ces passions et ces intérêts ne vont pas du public aux écri-
vains, que ce sont plutôt les écrivains qui s'efforcent de
les imposer au public.
   Et puis il n'est pas équitable de faire un crime à la presse
périodique de certaines nécessités que la fiscalité a créées
pour elle. Certes, il vaudrait mieux que le journaliste ne
fût pas obligé de se faire entrepreneur d'annonces ! Qui
ne regrette au profit de la critique littéraire et artistique
les colonnes que la réclame envahit ? Mais ce sont là des
inconvénients que le journalisme subit et dont il n'est pas
l'auteur.
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