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402 publique, mais seulement du sentiment de sa propre di- gnité et de la conscience d'un droit à maintenir, d'une bonne direction à poursuivre, malgré les erreurs ou les passions momentanées d'un public trompé. Dans cette position, les hommes d'état attendent le retour infaillible d'une estime qui leur est due et qui ne saurait leur man- quer. Mais s'irriter misérablement, comme on ne le voit que trop, contre des attaques qu'on doit respecter, si elles sont consciencieuses, qu'on doit examiner même si elles sont passionnées, c'est un tribut payé à la faiblesse hu- maine. C'est une folie, puisque la presse, après tout, n'est pas l'instrument le plus dangereux dans cette guerre aux personnes. Quoi l donc , vous en prenez-vous à la presse parce que ses coups visibles pour tous, le sont même pour vous, et vous donnent la facilité de vous défendre auprès de ce même public, qui jugera en connaissance de cause et dispensera, comme c'est son droit, le blâme ou l'éloge? Aimeriez-vous des coups secrets que vous ne pourriez pa- rer et qui vous tueraient moralement, sans troubler votre sommeil ? Ne rendons pas la presse responsable de ce qui n'est que l'effet de l'imperfection humaine. Elle n'existerait pas que les petits n'en seraient pas moins jaloux des grands, les sots des gens d'esprit, les faibles des puissants. De tout temps, sous tous les régimes, les supériorités ont éveillé la liaine des inférieurs. On porte un regard curieux sur les faiblesses qui peuvent les abaisser au niveau commun. On écoute avidemment et l'on répète le mal qui se dit d'eux. Ce qui est particulier au régime de liberté, c'est qu'il érige cette censure en droit de tous les citoyens à l'égard des actes et du caractère public des dépositaires de l'autorité, mais l'instrument est pour eux comme contre eux. Il sert