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396 directement, mais par la filière légale des électeurs et des chambres, quelquefois p a r le concours même du gouver- n e m e n t . L'opinion ne subit pas tout ce q u ' o n lui propose ; elle choisit. A-t-elle donc adopté toutes les violences que les partis irrités et armés de la presse ont voulu lui imposer depuis quelques années. La p r e u v e du contraire, c'est la sa- gesse p r u d e n t e , et je dirai même un peu t r e m b l a n t e et méti- culeuse, que le corps électoral a m o n t r é dans ses choix p e n d a n t ces mêmes années. Bien plus, l'irritation même q u e la presse hostile a causée, qui redouble tous les jours et va m ê m e a u j o u r d ' h u i jusqu'à suspecter le droit, à cause de l'abus, cette irritation, dis-je, m o n t r e évidemment que la presse injuste et violente a manqué son effet et qu'elle en a produit u n contraire. Si la presse ne peut pas même renverser un ministère directement et autrement que par la lente modification de l'opinion, et l'infiltration de cette puissance d'opinion dans les pouvoirs légaux, à plus forte raison de la forme du gouvernement et de l'organisation constitutionnelle des pouvoirs. C'est avoir une bien faible idée de la puissance d ' u n gouvernement, que de s'imaginer qu'il d é p e n d de quelques criailleries ! U n gouvernement contient la société p a r tant de forces, tant de liens, tant d'intérêts qu'il résiste par sa seule masse. J e n e p a r l e pas seulement d'un gou- vernement rationnel et national, comme le nôtre. J'applique ceci à u n gouvernement quelconque , même impopulaire dans sa source ou dans ses actes. E h ! b i e n , je dis que son renversement est un fait des plus difficiles, et qui, s'il a lieu par une révolution i n t é r i e u r e , suppose un tel concours de volontés et une énergie si a r d e n t e , qu'il est absurde d'en voir la cause dans une ligue de j o u r n a - listes. E t dans le f a i t , la presse n'a jamais figuré dans ces