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361 Laocoon dans la galerie du prince d'Aremberg. Rien cependant n'est plus facile; car il paraît que le groupe du Laocoon, au Vatican,n'est pas le seul qui ait existé dans l'antiquité. Pline, faisant la description de ce chef-d'œuvre, nous ap- prend qu'il était d'un seul bloc (ex uno lapide), tandis que celui du Vatican est de cinq morceaux. En supposant que les joints ne fussent pas aussi apparents du temps de Pline, ils ne pou- vaient cependant pas se dérober entièrement à l'examen r i - goureux des statuaires contemporains de cet auteur, qui ne se serait pas hasardé à avancer un fait matériel de celte impor- tance, et si facile à vérifier, puisqu'il était sur les lieux, si ce fait n'eût pas été avéré de son temps. D'ailleurs, il se présente à l'esprit une réflexion bien natu- relle en faveur de notre opinion, soutenue par celle de Mengs : c'est que, si ce groupe admirable eut existé seul, il serait allé embellir Conslantinople avec tous les plus précieux orne- ments des temples et des palais de Rome, et y aurait péri comme les ouvrages de Polyclète, de Lysippe, de Praxitèle, de S c o p a s , d e M y r o n , e t c . L'ancienne capitale ayant été spoliée à plusieurs reprises pour enrichir la nouvelle, il est impossible qu'à chaque nouveau choix un ouvrage aussi important ait pu être oublié. Croyons donc plutôt à l'existence d'un autre groupe d'un style ancien et plus parfait, qui fut choisi, et qui est cer- tainement celui dont parle Pline. Enfin, si nous sommes forcés de reconnaître qu'il y a eu dans l'antiquité un autre groupe de Laocoon, dont le nôtre ne serait qu'une admirable copie, pourquoi n'admetlrions-nous pas que d'autres artistes anciens, soit de leur propre mouve- ment, soit pour obéir à des exigences quelconques, aient pu reproduire plusieurs fois ce chef-d'œuvre? On rencontre d'ailleurs des fragments d'un groupe pareil, d'un style bien plus ancien que celui que nous possédons, et par conséquent qui n'ont pu être copiés d'après l u i ; un d'entre eux se voyait encore, il y a quelques années, au Capilole, dans la seconde cour à gauche, près le buste colossal de la R.oma, vis-à -vis du Marphorio.