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353 çoivenl toujours des invitations pour ces solennités, mais elles ne s'y rendent jamais; en revanche, on est sûr d'y rencon- trer toutes les femmes libres et émancipées, des rédacteurs de feuilles qui ne paraissent jamais,et, dansles grandes occasions, un sectateur de l'abbé Châleî, et un humanitaire fragmentaire, d'une forme caractérielle tout à fait inédite. La femme de lettres a été saint-simonnienne , aujourd'hui elle est fouriériste ; elle ne lit guère que les écrits de l'Ecole sociétaire et ses propres œuvres ; lorsqu'elle veut reposer son cerveau fatigué par ses graves travaux, elle étudie le chinois, ou feuillette MM. Cousin et Ballanche ; tout autre écrivain est mis à l'index comme trop frivole. La littérature, dit-elle, doit être un mythe, un symbole, au moyen duquel, en se plaçant au point de vue synthétique, on fera marcher l'avenir social de l'humanité avec le trombone cabalistique et le tamtam pas- sionnel (Voir les oeuvres de ces dames pour le développement de la pensée). Si, trop pressée pour atteindre la métamorphose des mers en sirop et en limonade, et l'œil promis par Fourier aux vrais croyants, elle déserte la Phalange, alors elle marque de son nom une chaise à sa paroisse, achète un livre d'heures illustrées, à fermoirs de chrysocal, et suit pour le reste les préceptes du néochrislianisme. Enfin, quand la femme de lettres entre dans la catégorie des femmes mûres, c'est à dire à soixante ans, puisque M. de Balzac assure qu'à cinquante-neuf ans une femme est très jeune encore, elle renie tous ses travaux poétiques, et commet avec préméditation un livre mystique du plus gros format. En mourant, elle laisse sur la tète de son mari ses lauriers et ses œuvres posthumes. REQCIESCA.T IN PACE. M'i'J. D. AYIS AUX JOURNAUX REPRODUCTEURS, - ledit article, propriété de ia Revue du Lyonnais, peut être'reproduit sans encourir les foudres judi- ciaires de la Société des Gens de Lettres, à laquelle nous n'avons pas le m a i l » d'appartenir. 23