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çoivenl toujours des invitations pour ces solennités, mais elles
ne s'y rendent jamais; en revanche, on est sûr d'y rencon-
trer toutes les femmes libres et émancipées, des rédacteurs de
feuilles qui ne paraissent jamais,et, dansles grandes occasions,
un sectateur de l'abbé Châleî, et un humanitaire fragmentaire,
d'une forme caractérielle tout à fait inédite.
   La femme de lettres a été saint-simonnienne , aujourd'hui
elle est fouriériste ; elle ne lit guère que les écrits de l'Ecole
sociétaire et ses propres œuvres ; lorsqu'elle veut reposer son
cerveau fatigué par ses graves travaux, elle étudie le chinois,
ou feuillette MM. Cousin et Ballanche ; tout autre écrivain est
mis à l'index comme trop frivole. La littérature, dit-elle, doit
être un mythe, un symbole, au moyen duquel, en se plaçant
au point de vue synthétique, on fera marcher l'avenir social
de l'humanité avec le trombone cabalistique et le tamtam pas-
sionnel (Voir les oeuvres de ces dames pour le développement
de la pensée). Si, trop pressée pour atteindre la métamorphose
des mers en sirop et en limonade, et l'œil promis par Fourier
aux vrais croyants, elle déserte la Phalange, alors elle marque
de son nom une chaise à sa paroisse, achète un livre d'heures
illustrées, à fermoirs de chrysocal, et suit pour le reste les
préceptes du néochrislianisme.
   Enfin, quand la femme de lettres entre dans la catégorie
des femmes mûres, c'est à dire à soixante ans, puisque M. de
Balzac assure qu'à cinquante-neuf ans une femme est très
jeune encore, elle renie tous ses travaux poétiques, et commet
avec préméditation un livre mystique du plus gros format. En
mourant, elle laisse sur la tète de son mari ses lauriers et
ses œuvres posthumes.
                                    REQCIESCA.T IN PACE.
                                                                            M'i'J. D.

                               AYIS AUX JOURNAUX REPRODUCTEURS,
                           -
    ledit article, propriété de ia Revue du Lyonnais, peut être'reproduit sans encourir les foudres judi-
ciaires de la Société des Gens de Lettres, à laquelle nous n'avons pas le m a i l » d'appartenir.
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