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324 jamais fini avec elle sur les inquiétudes de son ame. Cela devint un mal, un mal égal au premier, mal dont le caractère seulement changea de forme. A.u lieu de haine c'était de l'amour, amour qui devenait comme était sa haine, c'est-à -dire désordonné, surtout à mesure qu'avan- çait la Chandeleur et que l'enfant perdait le souvenir de son vœu à la Vierge ; et dans le peuple on commençait à murmurer de cette nouvelle passion, comme auparavant on avait parlé de la première. La paix de ce ménage eut en- core à soutenir d'autres combats Et c'était encore parce que cette mère n'avait pas nourri son enfant que d'autres maux allaient fondre sur elle.... Un an s'écoule, la Chandeleur arrive ; la cloche du couvre-feu avait annoncé à toute la ville la fin de la jour- née. L;'Ave Maria du soir, institué par Innocent XII pour perpétuer le souvenir de la protection de Marie qui déli- vra la chrétienté des infidèles, avait déjà jeté la population depuis plus de deux heures, dans les recueillements de l'ame, après les fatigues du jour, que l'enfant du fileur avait totalement oublié son vœu. On s'attendait au moulin à ce que, selon son habitude, ce jour là , il charmerait la veillée par d'agréables récits, peut-être bien que déjà il devisait aux ouvrières, quand tout-à -coup ses oreilles se bouchent, et sa langue se lie; sa figure prend une expres- sion de réprouvé, et ses mouvements redeviennent ceux d'un sourd-muet que torture le besoin d'exprimer une pensée dont son infirmité rend impossible la communica- tion pressante. La famille du fileur s'en désole; c'est une malédiction, chacun se le dit, et chacun en recherche la cause en fouillant sa conscience. Louise n'osait lever les yeux sur son mari ; elle s'accusait