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rant et après le repas, il me souvient d'une agréable re-
marque de monsieur d'Urfé, qui, parlant de l'ancienne amitié
qui esloit entre notre bienheureux, monsieur le président
Faure et luy, dit que chacun des trois avoit peint pour l'éter-
nité, et fait un livre singulier et qui ne périroit point : notre
bienheureux, sa Philothee, qui est le livre de tous les dévots ;
monsieur Faure, le Code Fabrian, qui est le livre de tous les
barreaux, et luy l'Aslrée, qui estoit le bréviaire de tous les
courtisans. Nous nous entretinsmes fort gracieusement de
cette généreuse remarque (1). ».
   La réputation de l'Astrée avait pénétré en pays étranger, et
Honoré d'Urfé reçut de l'Allemagne une lettre fort curieuse, à
lui adressée par vingt-neuf princes ou princesses et dix-neuf
grands seigneurs ou dames d'Outre-Rhin, qui, ayant pris les
noms des personnages de l'Astrée, avaient formé, sous le nom
d'Académie des vrais Amants, une réunion pastorale, à l'instar
de celles de ce roman. Honoré était humblement supplié de
vouloir bien prendre pour lui le nom de Céladon, que nul
membre de cette étrange académie n'avait eu l'audace d'u-
surper. N'était-ce pas là une belle consécration bien étourdis-
sante pour le romancier ?
   Voici quelques vers inédits dans lesquels Berchoux, l'auteur
de la Gastronomie, plaisante assez agréablement au sujet de
l'Astrée. Nous les empruntons à nne Notice biographique et lit-
téraire sur JBirchoux, notice par nous publiée au mois de juil-
let 1841.

         J'ai vu le jour non loin des bords heureux
         Où le Lignon roule son onde claire,
         Onde célèbre aux muses encor cliére.
         Ali ! qui pourrait reconnaître ces lieux
         Jadis peuplés de bergères si tendres
         El que d'Urfé de soupirs a remplis?


   (Il VEsprit du liettlieureux François de Sales, etc.. Il y en a une récente
édition par M l'abbé Dspery,