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310 rant et après le repas, il me souvient d'une agréable re- marque de monsieur d'Urfé, qui, parlant de l'ancienne amitié qui esloit entre notre bienheureux, monsieur le président Faure et luy, dit que chacun des trois avoit peint pour l'éter- nité, et fait un livre singulier et qui ne périroit point : notre bienheureux, sa Philothee, qui est le livre de tous les dévots ; monsieur Faure, le Code Fabrian, qui est le livre de tous les barreaux, et luy l'Aslrée, qui estoit le bréviaire de tous les courtisans. Nous nous entretinsmes fort gracieusement de cette généreuse remarque (1). ». La réputation de l'Astrée avait pénétré en pays étranger, et Honoré d'Urfé reçut de l'Allemagne une lettre fort curieuse, à lui adressée par vingt-neuf princes ou princesses et dix-neuf grands seigneurs ou dames d'Outre-Rhin, qui, ayant pris les noms des personnages de l'Astrée, avaient formé, sous le nom d'Académie des vrais Amants, une réunion pastorale, à l'instar de celles de ce roman. Honoré était humblement supplié de vouloir bien prendre pour lui le nom de Céladon, que nul membre de cette étrange académie n'avait eu l'audace d'u- surper. N'était-ce pas là une belle consécration bien étourdis- sante pour le romancier ? Voici quelques vers inédits dans lesquels Berchoux, l'auteur de la Gastronomie, plaisante assez agréablement au sujet de l'Astrée. Nous les empruntons à nne Notice biographique et lit- téraire sur JBirchoux, notice par nous publiée au mois de juil- let 1841. J'ai vu le jour non loin des bords heureux Où le Lignon roule son onde claire, Onde célèbre aux muses encor cliére. Ali ! qui pourrait reconnaître ces lieux Jadis peuplés de bergères si tendres El que d'Urfé de soupirs a remplis? (Il VEsprit du liettlieureux François de Sales, etc.. Il y en a une récente édition par M l'abbé Dspery,