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303 de la Bâtie, et qui y avaient été apportées par Claude d'Urfé, lorsqu'il était ambassadeur à Rome (1549-1553). Etant allé ensuite déclarer son action à son père, il lui en demanda par- don. « Mon fils, lui répondit celui-ci, vous avez fait ce que j'aurais dû faire. » Ces statues qui blessaient la pudeur de Louis d'Urfé étaient d'un très grand prix, et madame d'Urfé avait souvent refusé de les vendre. L'évêque de Limoges était aussi facile à scandaliser dans son âge mur qu'il l'avait été dans son enfance, ne faisant pas plus de grâce aux innocentes bergères du Lignon qu'aux im- modestes images de la Bâtie. Voici ce que racontait de lui son frère Claude Yves de Lascaris-d'Urfé, prêtre de l'Oratoire. « Je ne puis oublier ici un trait agréable du P. d'Urfé, frère de M. l'évêque de Limoges, mais qui n'est pas dans les mê- mes sentiments que ce prélat. Celui-ci se plaignait un jour à lui; dans l'amertume de son cœur, de ce que le nom d'Urfé semblait ne devoir être connu que par l'Astrée. « C'est une « étrange chose, lui disait-il, que ce méchant livre déshonore « d'autant plus notre nom, qu'il est entre les mains de tout le « monde. Pour moi, je voudrais que quelqu'un de nous s'ap- « pliquât à faire quelque bon ouvrage, qui effaçât la mémoire « de celui-là , et qui empêchât de le lire ; et comme vous « avez de l'esprit et du loisir, il me semble que vous de- « vriez vous y employer. » Le P. d'Urfé ayant fort loué le zèle de son frère : « Je sais un bien meilleur moyen, lui dit-il « pour qu'on ne lise plus l'Astrée. Et quel est-il ? reprit avec « chaleur M. de Limoges. — C'est, répondit le P. d'Urfé, « de publier et d'assurer que les cinq propositions sont dans « ce livre ; il ne faut point douter, après cela, qu'il ne soit « bientôt défendu et condamné à l'oubli éternel (1). » Ceci nous mène tout naturellement à la seconde partie de ce volume et à la biographie des trois d'Urfé, Anne, Honoré, (1) Mémoires de l'abbé" Arnauld, collect, Pelilol, 2 e férié, tom. XXXIV, pag, 263,