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294 Venise s'exfolie (1), par une sorte de pelure, ou délite- ment de la pierre sur une couclie concentrique, comme on l'observe sur celles d'Ainay. Ainsi il ne peut résulter de l'examen et de la com- paraison que l'on pourra faire des colonnes vénitiennes et lyonnaises, que la conviction que ces colonnes ont une commune origine, datent de l'antiquité la plus reculée et ne sont point l'ouvrage des Romains. Les archéologues et les voyageurs qui auront l'occasion de visiter Venise, pourront désormais vérifier les divers points de similitude qui existent entre les colonnes de la placette de St-Marc et celles de l'église d'Ainay; dans tous les cas, cette observation aura pour effet d'appeler, à l'a- venir, leur attention spécialement, et celle des savants, sur l'identité de forme, la nature minéralogique et la par- faite ressemblance qui existe entre ces monuments grani- tiques. Que s'il pouvait exister encore de l'incertitude sur l'ori- gine des colonnes d'Ainay, il suffirait d'établir la diffé- rence qui existe entre ces gigantesques monolithes et les colonnes de granité que l'on voit à Lyon sur la fontaine dite des Pénitents-de-la-Croix, ou sur la place St-George et qui supporte une croix de fer. L'ant quité de ces monu- (1) Au sujet de cette observation, on fera remarquer que l'exfoliation des colonnes de marbre ou de granité en couches concentriques et de peu d'é- paisseur doit être atlribuée à l'effet de la percussion du marteau finisseur appelé boucharde, qui l'ait disparaître les aspérités de la pierre et dresse la surface. Cette opération détruit l'affinité moléculaire du minéral, et provoque -l'exfoliation circulaire, qui, plus lard, se détache par la gelée et l'humidité ; c'est l'inconvénient que les ouvriers carriés ou tailleurs de pierres désignent sous le nom de d'dtonnement de la pierre. L'exfoliation en couches concentri- ques que l'on remarque sur les colonnes d'Ainay a fait écrire à Rabelais, dans çon Pantagruel, que les colonnes d'Ainay avaient HCfondues.