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282 Ainsi, par des sentiers inconnus au vulgaire, L'amant heureux conduit l'objet de son amour ; Dans sa jalouse ivresse, il voudrait la soustraire Aux regards indiscrets du jour ! Là , dégagé des soins qui pèsent sur la terre, J'aime à goûter vivant le calme du tombeau; Là , je m'absorbe en toi, là , je me désaltère Aux limpides sources du beau ! Soit que, le front voilé, la plaintive élégie Sur ton luth attendri soupire ses douleurs, Soit qu'en tes vers remplis de grâce et de magie L'amour se couronne de fleurs. Soit que, rival de Dieu qu'il aspire à connaître, Ton esprit s'élançant d'un vol audacieux, Monte l'interroger sur la loi de son être Qu'il laisse ignorer même aux cieux ! Soit que, reconnaissant que notre intelligence Doive aux choses d'ici borner son horizon, ) Tu fasses, aux rayons de la divine essence, Fondre l'orgueil de ta raison ! Soit qu'un jour de combat, dans les champs deBellone, Ton génie éperdu se jette aux premiers rangs, Ivre du feu, du fer et du bronze^qui tonne, Pour couvrir des mourants !... Soit que le cœur navré de ces sanglantes scènes,