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voulons prendre parti ni pour l'accusation, ni pour la défense;
nous ferons abnégation, dans cette circonstance, des i m p r e s -
sions qui nous sont restées de cette polémique ; nous voulons
simplement examiner si, en l'absence de toute trahison, en-
vers son pays, le major-général Martin a mérité l'ovation
dont il doit être l'objet.
   Eh bien! oubliant en ce moment que l'homme auquel on
décerne des honneurs publics doit être comme la femme de
César, même au dessus des soupçons, nous n'hésitons pas à nous
prononcer pour la négative; nous n'hésitons pas à déclarer
que le Conseil municipal a commis une faute énorme, faute
que l'en traîne ment de la reconnaissance doit excuser peut-être,
mais que le Conseil municipal d'aujourd'hui ne doit pas con-
sacrer.
   Nous l'avons dit, décerner à un citoyen les honneurs de la
place publique, couler son image en bronze et la vouer à la
vénération de tous, c'est l'honneur le plus insigne qu'un
homme puisse rêver : pour l'obtenir cet honneur, pour mériter
que sa mémoire soitimpérissable, suffira-t-il, au moment où l'on
se sépare de tous les biens de ce monde, dévider tout ou par-
tie de son coffre-fort ? La reconnaissance des populations ne
sera-t-elle plus qu'une question d'argent? Et devra-t-on établir
un tarif dans les limites duquel cette reconnaissance pourra se
manifester, depuis l'inscription des noms sur une rue ou une
place publique jusqu'à l'érection de la statue?
   Qu'a fait pour la ville de Lyon, le major-général Martin ? Il
lui a donné une somme d'argent énorme, si l'on veut, miette
imperceptible de son immense fortune, el, pour cela seul,
en exposera son image à la vénération du peuple! nous ne
savons, mais il nous semble que loin d'être, comme on l'a
voulu sans doute, un encouragement pour les autres, une
pareille résolution doit être un motif de découragement p r o -
fond. Il n'est pas donné à tous les hommes d'amasser une
fortune colossale, il ne leur est pas donné à tous, même en
enrichissant une famille nombreuse de pouvoir détacher de