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«  le règne de Saturne et de Janus, dit le docte bénédictin,
«  était celle des Ombriens; la langue de ces derniers ne
«  pouvait être que celle des Gaulois, puisqu'ils tiraient
a  d'eux leur origine, selon le témoignage de plusieurs au-
«  teurs. Or, que la langue des Gaulois fut l'ancien grec,
«  c'est-à-dire, celui que Cadmus apporta de Phénicie en
«  Grèce, et qui fut aussi la langue que parlèrent les anciens
«  Latins, c'est une vérité qu'un grand nombre d'historiens
«  et de grammairiens nous ont transmise. Festus assure que,
«  du temps de Romulus, la langue grecque était enlière-
«  ment la même que la latine, et que ces deux langues ne
«  différaient l'une de l'autre qu'un peu dans la prononcia-
«   tion. Plutarque, dans la vie de Marcellus, observe que,
«  du temps de ce grand capitaine, la langue grecque était
«  encore fort mêlée avec la langue latine. Varron et Denys
«   d'Halicarnasse tiennent le même langage aussi bien que
«   Pline (1). »
   Ces considérations paraîtront toutes simples à ceux qui
ont pris connaissance des travaux auxquels on s'est livré de-
puis quelque temps, pour ramener à une source commune
un grand nombre des idiomes qui, depuis la dispersion, sont
devenus particuliers à divers peuples en Asie comme en Eu-
rope. L'auteur de l'opuscule qui nous occupe aurait donc pu
se dispenser, dans la restauration de l'inscription trouvée
près d'Autun, de nous montrer comment un vieux mot inu-
sité a pu tenir la place du mot avoué par l'usage, et comment
il s'y trouve quelques autres mots dont l'orthographe blesse
la règle; surtout, il n'aurait pas dû nous dire que nous ne
savons absolument rien sur l'état de la langue grecque dans
les Gaules, quoiqu'il faille néanmoins reconnaître que ce que
nous en savons est très restreint.

    (1) (De la religion des Gaulois, tom. I e r , liv. II, [>age 255).