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175 « Je dépose l'étonnant animal sur la première page de mon cahier, la tarière bien pourvue d'encre 3 puis, armé d'un brin de paille pour diriger ses travaux et barrer les passages, je le force à se promener de telle façon qu'il écrive lui-même mon nom : il fallut deux heures 5 mai» quel chef-d'œuvre ! « La plus noble conquête que l'homme ait jamais faite, dit BufFon, c'est.... c'est bien certainement le hanneton. » Dans ce moment l'écolier est distrait de sa sérieuse oc- cupation par une voix qui, l'appelant du dehors, le force à courir vers la fenêtre. Nous passerons sous silence cet in- cident pour le ramener à son hanneton : voici comment il continue. « Je suis certain que je dus pâlir. Le mal était grand, irréparable ! Je commençais par saisir celui qui en était l'auteur et je le jetais par la fenêtre. Après quoi, j'exa- minais avec terreur l'état désespéré des choses. « On voyait une longue trace noire qui, partie du cha- pitre IV : De bello gallico, allait droit vers la marge de gauche ; là , l'animal trouvant la tranche trop roide pour descendre, avait rebroussé vers la marge de droite 5 puis, étant remonté vers le nord, il s'était décidé à passer du livre sur le rebord de l'encrier, d'où, par une pente douce et polie, il avait glissé dans l'abîme, dans la géhenne, dans l'encre, pour son malheur et pour le mien ! « Là , le hanneton ayant malheureusement compris qu'il se fourvoyait, avait résolu de rebrousser chemin, et en deuil de la tête aux pieds, il était sorti de l'encre pour retourner au chapitre IV : De bello- gallico, où je le re- trouvai qui n'y comprenait rien. « C'étaient des pâtés monstrueux, des lacs, des rivières,