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ce que Bouffé est au théâtre, c'est-à-dire l'homme des
détails. La délicatesse de l'observation, le fini de la couleur
de ses peintures, et l'intérêt puissant qu'il sait attacher
aux moindres incidents, fastidieux sous d'autres plumes,
voilà ce qui saisit d'abord dans son faire. Quelle appa-
rente gravité dans tout le début du morceau suivant :

« Il y a des moments dans la vie où une heureuse réunion
de circonstances semble fixer sur nous le bonheur. Le
calme des passions, l'absence d'inquiétude nous prédis-
posent à jouir, et si au contentement d'esprit vient s'unir
une situation matériellement douce, embellie par d'agréa-
bles sensations, les heures coulent alors délicieusement et
le sentimeut de l'existence se pare de ses plus riantes
couleurs. »
    « C'est précisément le cas où se trouvaient les trois
personnages que j'avais sous les yeux. Rien au monde
dans leur physionomie qui trahît le moindre souci, le
plus petit trouble, le plus faible remords ; au contraire,
on devinait, au léger l'engorgement de leur cou, ce légi-
 time orgueil qui procède du contentement d'esprit ; la gra-
vité de leur marche annonçait le calme de leur cœur, la
moralité de leurs pensées ; et dans ce moment même où,
cédant aux molles influences d'un doux soleil, ils venaient
de s'endormir, encore semblait-il que de leur sommeil
s'exhalât un suave parfum d'innocence et de paix. »
   « Pour moi ( l'homme est sujet aux mauvaises pensées),
depuis un instant je maniais une pierre        »
   Où donc l'auteur veut-il en venir ? Ecoutez-le.
   «     A la fin fortement sollicité par un malin désir, je
la lançai dans la mare tout à côté     aussitôt les trois têtes
sortirent en sursaut de dessous l'aile. »