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chômage par manque de travail ou par maladie, ou par toute
autre cause de force majeure, s'élèverait à. . . . 1200 fr.
   Cette évaluation générale est malheureusement plutôt au
dessus qu'au dessous de la réalité. Voici quelques citations
qui en donnent la preuve.
   M. Chaptal, en 1819, estimait qu'une famille ouvrière,
composée comme il est dit ci-dessus, gagnait par année,
615 francs.
   M. le baron Dupin, en 1827, évaluait le salaire annuel-
lement gagné par une semblable famille à une moyenne de
540 fr.
   M. Jules Favre, dans une brochure publiée en 1833 sur la
condition des ouvriers à Lyon, établissait que la journée de
l'ouvrier en soie était payée, dans celte ville, de 1 fr. à 2 fr 15
selon le mérite de l'ouvrier, ou selon la difficulté du travail.
   Enfin, dans l'excellent ouvrage publié en 1840 par le doc-
teur Vuillermé, sous le titre de : Tableau de l'Etat physique
et moral des ouvriers, les salaires de l'ouvrier lyonnais sont
évalués de 1 fr. 40 c. à 2 fr. 55 c. ce qui établit une moyenne
de 1 fr. 97 c. par jour.
   C'est donc élever au-dessus des probabilités les plus larges
le revenu brut annuel d'une famille ouvrière, composée selon
les indications généralement admises, que d'évaluer ce revenu à
1200 fr. ce qui présente la parité de 2 fr. pour le salaire quo-
tidien d'un ouvrier.
   On va voir cependant comment ce revenu, dont la complète
réalisation est au moins hypothétique, peut pourvoir à l'exis-
tence de cette famille.
   Dans l'ouvrage déjà cité, le docteur Vuillermc évalue
ainsi les diverses dépenses d'un ouvrier seul et d'une famille
ouvrière à Lyon :
   Un ouvrier-maître ou chef d'atelier dépense par année pour
 sa seule personne 821 fr. ; un ouvrier compagnon dépense
 par année en moyenne, pour sa seule personne G30 fr. ; enfin
 une famille de chef d'atelier, composée seulement de deux