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110 frère d'arme des Cafarelli, Horace Say, cet officier su- périeur du génie qui, à l'Ecole Polytechnique, avait fondé le cours de géométrie descriptive appliqué à la fortifica- tion ; à qui Metz devait l'organisation de son école d'ar- tillerie, et qui, à l'attaque d'Alexandrie, mérita les éloges du général Bonaparte. Aujourd'hui la gloire de ce nom d'Horace Say, déjà illustré par le savant de l'Institut d'E- gypte, dont les généraux républicains appréciaient les la- lents et le courage, est dignement soutenue par son ne- veu, le judicieux auteur de l'Histoire des relations com- merciales entre la France et le Brésil. Cependant, la volonté despotique de Napoléon se faisait sentir. Say resta fidèle à ses convictions politiques, il vota contre l'empire, et le coup d'état de i8c>4 l'élimina du tribu- nat avec Carnot, Andrieux, Chénier et Benjamin Constant. Alors il rentra dans la vie privée et se consacra tout entier à la science dont il est, en quelque sorte, le second créateur. Le succès de ses ouvrages fixa sur lui l'attention généra- le : l'Athénée de Paris le pria de professer l'économie po- litique, et ses leçons orales furent aussi favorablement accueillies que ses écrits. Deux ans plus tard,, une chaire est créée pour lui au Conservatoire des Arts-et-Métiers, et il voit se presser à ses leçons une jeunesse éclairée et studieuse, et une foule d'étrangers attirés par sa célébrité. Certes, à une époque si brillante pour les études littérai- res et scientifiques, ce n'est pas un médiocre titre d'hon- neur pour J.-B. Say que d'avoir su s'entourer de si nom- breux auditeurs, et populariser une science alors si nou- velle. Les craintes du gouvernement lui fermaient seules les portes du collège de France ; on redoutait l'influence d'un professeur franc et libéral sur la jeunesse de nos écoles, car il disait des vérités austères aux peuples et aux rois, avec l'impartialité stoïque d'un philosophe uniquement occupé des intérêts de la science et de l'hu- manité (Blanqui). L'Institut lui fut aussi fermé ; était-ce une exception déshonorante pour le savant que toutes les académies de l'Europe s'étaient empressées d'associer à leurs travaux ? Professeur au collège de France, après la lévolulion de i83o, il ne devait pas jouir longtemps de cette flatteuse distinction; la mort l'enleva, le i 5 no- vembre 1802, à sa famille, qu'il laissait pleine de douleur