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77 Le dîner était excellent. Horatio avait les attentions les plus empressées pour miss Thérésa. Chacun s'appliquait à déve- lopper les richesses de son esprit. M. Malderton seul était absorbé dans une sorte d'angoisse continue par la crainte où il était que son beau-frère ne lançât quelqu'une de ces saillies qu'il regardait comme si ridiculement triviales. — Y a-t-il longtemps, Flamwell, que vous n'avez vu votre ami sir Thomas Noland, demanda Malderton, jetant un regard de côté sur Horatio, pour observer quel effet produirait le grand nom qu'il venait de citer. — Hum ! non; je l'ai vu récemment. J'ai vu aussi lord Hab- blelon avant-hier. — J'espère que sa seigneurie se porte bien, dit Malderton d'un ton exprimant le plus vif intérêt, quoique ce fût en vérité pour la première fois de sa vie qu'il entendît parler de lord Habbleton. — Très bien ! en vérité, et il est toujours charmant en diable. Je l'ai rencontré dans la cité, et nous avons eu ensemble un long entretien. Notre intimité se resserre de plus en plus. Je n'ai pu m'arrèter cependant avec lui aussi longtemps que je l'aurais désiré, parce que j'étais pressé de me rendre chez un banquier, homme excessivement riche et membre du par- lement, avec lequel je suis lié, je peux le dire, d'une manière très intime. — Je sais de qui vous parlez, dit Malderton d'un air impor- tant, malgré qu'il ne connût pas plus le banquier qu'il ne con- naissait lord Habbleton, êtres imaginaires inventés par l'im- perturbable Flamwell. Ce milord de la finance fait toujours de grandes affaires ? Ce mot affaires, imprudemment prononcé, attira l'attention de l'épicier assis au bout de la table. —Parlant d'affaires, s'écria-t-il, je vous dirai Malderton, que j'ai reçu l'autre jour, dans ma boutique, la visite d'une personne que vous connaissez parfaitement, et qui vous a suggéré autre- fois l'idée de certaines spéculations qui vous ont si bien réussi.