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51 d'un siècle où les grands vassaux marchaient de pair avec les rois. Hugues Capel fut moins roi des Français, que chef des ducs, ses égaux... Primus inter pares. On le préféra, dans l'assemblée de Noyon, où assistaient aussi les chefs du clergé, moins comme le plus capable de relever l'éclat du trône, qu'à cause de sa position personnelle qui le rendait entière- ment désintéressé dans le rétablissement de la monarchie,, telle que l'avaient faite Clovis et Charlemagne. Ce fut là le véritable motif de l'exclusion de Charles de Lorraine, frère de Louis d'Outremer, et qui devait naturellement succéder à son neveu Louis V, si l'on eût consacré, sous la deuxième race, l'ordre de succession au trône. Issu de Charlemagne, Charles de Lorraine pouvait s'autoriser à croire qu'il ne ré- gnait qu'en vertu de sa naissance.... Dès lors, les grands du royaume décidèrent sa perte. Leur politique avait besoin d'un prince en quelque sorte complice du morcellement de la France, et qui n'eût aucun prétexte plausible d'essayer de revenir sur le passé. Or, Hugues Capet comptait dans sa famille deux rois élus par le suffrage des seigneurs. Ce prétendu descendant d'un boucher de Paris sortait d'une maison depuis longtemps à la tête du parti opposé au pou- voir royal des Carlovingiens. II reçut la royauté telle que l'avaient préparée ses ancêtres. Il fut élu, non parce qu'il était fils de Hugues-Ie-Grand, et petit-fils de Robert-le- Fort, lequel, si l'on en croit certains auteurs, descendait de Charlemagne : il fut élu, non parce qu'il tirait son origine de Pépin par le comte Childebrand, et même de Clovis par les femmes.... Qu'importe même encore, comme l'assure Mézerai, que la race des Capétiens descende de Charlema- gne, par les femmes ! L'essentiel est qu'il reste démontré que les grands firent choix de Hugues Capet par intérêt, par nécessité politique. Son autorité n'était point supérieure à celle des grands vassaux dont il avait été l'égal. Ses immen-