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S4 à -fait les notions les plus simples de l'hygiène. C'est le cas des sauvages de la Nouvelle-Guinée ou de la Nouvelle-Hol- lande, peuples les plus abrutis entre tous. Nous avons, d'ailleurs, au milieu de nos grandes cités, l'image de pareils écarts dans l'incurie de nos misérables qui ne font point le plus petit effort pour mettre leurs demeures à l'abri d'un air empoisonné. On peut dire, en thèse générale, que dès que l'humanité cesse d'avoir des idées arrêtées sur sa destinée absolue, elle tombe dans l'imprévoyance et par conséquent dans l'oubli de l'hygiène. Elle pourra bien encore éviter, par un mouvement purement instinctif, un danger subit, instan- tané, la pierre qui va broyer ses organes, laflammequi va les dévorer ; mais elle demeurera dans une mortelle apathie lorsqu'il s'agira de se soustraire à des influences mauvaises dont l'action mine lentement l'organisme. Aplus forte raison oubliera-t-elle les intérêts de l'espèce représentés par les générations à venir, auxquelles elle transmettra le double hé- ritage du mal moral et du mal physique. C'est en ce sens que l'hygiène est indissolublement unie à la morale, que plus celle-ci est pure, plus celle-là est salutaire ; et l'auteur qui a dit que l'hygiène était une vertu, a dit une parole profonde. Un premier élément de supériorité de la tradition chré- tienne, dans ce qui a trait aux fondements de l'hygiène, c'est d'avoir revêtu cette dernière d'un caractère sacré en l'as- sociant aux devoirs. Le premier des devoirs de l'homme con- sidéré comme être physique ou animal, est renfermé dans la sentence suivante : Vis conformément à la nature ( naturœ convenienter vive ) . Le second principe est ainsi conçu : Rends-toi plus parfait que la simple nature ne t'a fait [perfice te ut finem, perfice te ut médium ). Nous verrons combien le dogme chrétien a favorisé l'être humain pour atteindre ce but. En second lieu, la tradition chrétienne a fondé l'hygiène politique ou Vhygiéne de l'espèce, en attachant un prix im-