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      Mais, à la contempler, nul ne peut définir
      Si c'est une espérance ou bien un souvenir,
      Tant l'ame balancée en sa plainte secrète
      Flotte entre ces deux mots : j'attends et je regrette.
      Chaque peuple a rêvé ce merveilleux jardin,
      Soit qu'avec Jéhovahil ait connu l'Eden,
      Soit qu'aux pieds de l'Olympe une lyre sacrée
      Lui chante l'âge d'or de Saturne et de Rhée,
      Ou qu'enfant sous la tente il aime à s'endormir
      Bercé par les Péris des songes de Cashmir-

      Là, dans son unité, sur l'arbre de science,
      Du bien, du vrai, du beau fleurit la triple essence ;
      Et dans l'or du feuillage, aux Grâces réunis,
      Là des blanches Vertus les essaims font leurs nids7
      Avant d'aller chanter leur mélodie auguste
      Sur le front de la vierge et dans^ame du juste.
      C'est là qu'avant le jour de leurs aveux charmants
      S'étaient choisis déjà les couples des amants,
      C'est de là qu'à la voix du poète ou du sage
      Descendent dans nos nuits et l'idée et l'image,
      Là que tout chant sublime a résonné d'abord,
      Avant qu'un luth mortel en répétât l'accord.

      Les germes de nos fleurs sont tombés de ce monde,.
      L'art est un rameau né de sa sève féconde ;

Plus que tout autre, M. Victor de Laprade nous parait appelé à mettre eu
œuvre ces richesses de l'antiquité; car à l'esprit qui pénètre et dévoile le»
symboles, il joint un sentiment exquis de la beauté et de la simplicité grec-
ques, témoin le poème d'Eleusis, dont la Revue des Deux -Mondes vient de
publier une partie, et qui seul suffirait pour mériter à son auteur d'entrer
dés à présent dans la pléiade brillante, mais peu nombreuse, des poètes dont
la France s'honore.