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448 LA SCULPTURE A ROME posante, débris d'une noble place ? César, les légions, les prisonniers, les forces, les gloires, inscrivent autour du fût de marbre les annales en relief d'un peuple de qui les des- cendants ont le droit d'être fiers. D'autres annales et non moins belles, unissent le Coli- sée au dôme de Saint-Pierre. Elles célèbrent les moindres arbustes des sept collines. Elles nomment les arcs de Titus et de Constantin, les statues des empereurs et des gladia- teurs mourants. Elles s'arrêtent aux catacombes de Sainte- Calixte et de Sainte-Agnès, où, dans le secret et dans l'in- connu, des gens de rien, des pauvres, engendrent leur vie nouvelle et leur morale sociale qui bouleversera bientôt un monde. Et plus tard, devant l'essaim des basiliques surgis- sant victorieuses, les annales romaines doivent célébrer non plus l'aube, mais le plein épanouissement d'un règne nouveau. Le Moyen Age arrive. Rome sait le discipliner et le régir. Pendant la Renaissance, la Ville est semblable à un océan qui submerge tout dans ses eaux profondes, et ne laisse surnager que le fort et le grand. Tandis qu'au Palatin les pariétaires recouvrent les chapiteaux dédaignés et qu'aux Thermes de Caracalla, encore ignorés, les fleurs des pêchers jonchent un champ de vigne d'une pluie de pétales rosés, Michel-Ange étonne le inonde en taillant dans le marbre un Moïse, dominateur comme un Dieu, et confie aux murs de la Sixtine son rêve prodigieux de visionnaire biblique. « Après, c'est une décadence majestueuse encore, comme celle de l'Empire, et qui garde le goût du magnifique jusque dans ses dernières oeuvres. Mais Rome ne crée plus. Il y eut ainsi plusieurs siècles de perdus dans la ville pen- dant la nuit barbare. Ils ne comptent pas, voilà tout. On