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284 LA SCULPTURE A ROME Si l'on cherche à dégager l'esprit et les tendances de l'œuvre entière, la nature du travail, le modelé exécuté par plans angulaires et arêtes grossières, ou par surfaces arrondies, on trouve que les sculptures de la colonne Tra- jane n'ont rien de commun avec aucune époque de l'art hellénique. En dehors de quelques bustes ou statues-por- traits, ces bas-reliefs nous présentent le travail le plus net- tement déterminé de cette école romaine qui n'eut qu'une courte existence et dont l'épanouissement fut entravé par la nouvelle invasion d'artistes grecs attirés à Rome par la passion d'Adrien pour l'art archaïque. Ce goût avait pris naissance à la suite des nombreux voyages de l'Empereur à l'étranger. A son retour, il éleva à Tivoli la villa Adriana où il fit reproduire en petit les édifices qui l'avaient le plus frappé en Grèce et en Egypte. Il les remplit des statues qu'il avait rapportées de ces divers pays et de sculptures en harmonie avec l'architecture qu'il s'agissait de décorer. Ce fut alors qu'on vit surgir une nouvelle école d'imi- tateurs qui passèrent leur temps à contrefaire les statues grecques et égyptiennes. Ces imitateurs en arrivèrent rapi- dement à perdre toute originalité; leurs œuvres ne se recommandèrent que par l'habileté technique de leurs auteurs comme aussi par une sûreté de dessin incontesta- ble. Mais qu'elles sont molles et dépourvues de vie, ces œuvres, à côté des splendides modèles que créa la Grèce ! On n'a, pour s'en convaincre, qu'à comparer Y Antinous Braschi et celui de la villa Albani avec les créations origi- nales helléniques, telles que la Vieille Bacchante qui tient follement embrassé un verre de vin (Musée du Capitule) ; Y Amour et Psyché, ce marbre délicieux qui vit, respire, palpite et aime, figuration à la fois chaste et charmante de l'union de deux cœurs épris, de deux âmes confondues