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i66                  LA PLEIADE FRANÇAISE


                              CCLXXIV
          Si poingnant est l'espcron de tes grâces
          Qu'il m'esguillonne ardemment où il veult,
          Suyvant toujours tes vertueuses traces,
          Tant que sa poincte inciter en moy peult
          Le hault désir qui nuit et jour m'émeult
          A labourer au joug de loyaulté,
           Et tant dur est le mors de ta beaulté
          (Combien encor que tes vertus l'excellent)
          Que sans en rien craindre ta cruaulté,
          Je cours soubdain, ou mes lourmens m'appellent.

  On aimera moins celui-ci :

                               ccevi
          Ta beaulté fut premier et doulx Tyrant
          Qui m'arresta très violentement ;
          Ta grâce après, peu à peu m'attirant,
          M'endormit tout en son enchantement :
          Dont assoupy d'un tel contentement
          N'avois de toy, ni de moy congnoissance.
          Mais ta vertu, par sa haulte puissance,
          M'éveilla lors du sommeil paresseux
          Auquel Amour par aveugle ignorance,
          M'espouvantoit de maint songe angoisseux.

   Mais quelque raideur que l'on y sente encore, et tout
obscurs ou tout embarrassés qu'on les trouve, ce sont là
de vrais vers de poète ; et ce sont surtout d'autres vers que
ceux de Marot. Sont-ils d'ailleurs imités de quelque modèle
italien? C'est possible. On imite beaucoup alors, souvent
sans choix et toujours sans scrupule. Mais ce qui n'est pas
en tout cas imité, c'est l'accent; et sans doute c'est ce que
l'oreille des poètes de la Pléiade en a d'abord apprécié.
 Ils en ont dû apprécier également la composition mathé-
matique ou symétrique ; et, en eft'et, il faut le noter, c'était