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184                LE PROFESSEUR OLLIER

tions sous-périostces, et pour la première fois la chirurgie
conservatrice appliquée sur le champ de bataille montra
tous les avantages qu'en pouvaient retirer les blessés par la
suite. Bon nombre de réséqués, encore vivants aujourd'hui,
non seulement ont conservé leurs membres mais ont pu
reprendre leur métier. L'un d'eux, écrivait quelques années
plus tard au professeur Ollier qu'il pouvait travailler comme
avant, et ajoutait : «Si vous voulez m'envoyer mes os, je
paverai le port. » La chirurgie conservatrice n'était pas
encore entrée dans la pratique et les Allemands l'ignoraient.
Un des malades ayant subi une résection avait besoin pour
achever sa guérison de soins particuliers, de tranquillité
morale et physique et surtout des effets bienfaisants de l'air
natal. Par l'intermédiaire de M. Lortet, Ollier sollicita
du commandant prussien, un laisser-passer pour son
malade l'autorisant à retourner chez lui. L'officier allemand
refusa, objectant que le blessé était prisonnier de guerre.
M. Lortet fit alors remarquer qu'il s'agissait d'un malade
opéré par une méthode chirurgicale nouvelle, qui devait
révolutionner la chirurgie de guerre, en évitant aux
blessés l'amputation et leur permettant de conserver leurs
membres.
   L'Allemand après s'être fait minutieusement expliquer le
manuel opératoire et les conséquences de l'opération en
témoignage de son admiration, accorda l'autorisation
demandée.
   La guerre terminée, Ollier fit récompenser largement
tous ses collaborateurs, auxquels il avait sans cesse donné
l'exemple d'un zèle et d'une abnégation qui ne se démen-
tirent en aucune circonstance. Pour le remercier de ses
services le Gouvernement le nommait officier de la Légion
d'honneur.