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DK L'ANTIQUITE A LA RENAISSANCE 361 impérial furent supprimées et l'iconoclasme fit des ravages fort étendus en Orient ( i ) . Mais les choses ne se passèrent pas ainsi à Rome. Avec l'appui de Luitprand, roi des Lombards, le pape Grégoire II, refusa d'obéir au concile schismatique de Constantinople. Il accorda sa protection aux Grecs cherchant un asile en Italie. On renversa les statues de Léon l'Isaurien; les Italiens ne voulurent point lui payer le tribut accoutumé; enfin la suzeraineté sarrazine en Sardaigne ruina pour jamais la domination grecque en Occident. L'arrivée des artistes grecs que Grégoire II accueillait à Rome fut heureuse en ce sens qu'elle excita l'émulation de leurs frères d'Italie. Ces derniers, à cause de l'abondance des fragments antiques employés — ô sacrilège ! — comme matériaux de construction, avaient presque délaissé l'usage du ciseau. Ils s'y remirent alors. Mais chaque sculpture conserva un caractère propre. La sculpture latine fit usage, dans l'ornementation, d'êtres créés, de labyrinthes, de sirènes et de ces fantastiques ornements que les artistes Comacins mirent en faveur au temps de la domination des Lombards. La sculpture grecque, au contraire, se borne à représenter les étoffes opulentes que Byzance importait d'Asie ainsi qu'à reproduire ces entrelacs de feuilles, de fleurs et de fruits analogues à ceux qu'on peut admirer sur un disque du Campo-santo de Pise. (1) L'extinction des iconoclastes, après la mort de Théophile en 842, ne ruina pas leur influence sur la sculpture orientale. Et bien que sa veuve Théodora rétablit le culte de la Vierge et permît les tableaux dans les églises, les représentations sculptées demeurèrent prohibées ; elles n'ont depuis lors jamais été autorisées dans l'Eglise grecque si ce n'est dans le relief le moins saillant possible.