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          LA CHAPELLE DE SAINT-ROCH A CHOULANS                      21

plus habiles convenaient de leur impuissance à vaincre le fléau.
   Les rues étaient désertes, les boutiques fermées. Les
habitants qui étaient forcés de sortir de leurs maisons se
munissaient de flacons d'odeurs et évitaient avec soin de se
laisser aborder par les rares passants.
   L'étranger qu'une affaire importante obligeait à traverser
Lyon n'y passait qu'à cheval, la bouche couverte d'un pan
de son manteau, courant à bride abattue, comme s'il eût
eu l'ennemi à sa poursuite.
   Les médecins et les autres personnes qui étaient con-
traintes de s'approcher des pestiférés revêtirent, pour essayer
de se préserver de la contagion, un costume étrange com-
posé d'une longue robe de peau, d'un masque enveloppant
complètement la tête, avec un large collet couvrant les
épaules, des yeux de verre et un nez en forme de bec d'oi-
seau dont la pointe était remplie de drogues aromatiques.
   Dans les hôpitaux Saint-Laurent et Saint-Thomas, on
compta jusqu'à quatre mille malades à la fois. Il y en avait
partout, dans les escaliers, les corridors, jusque dans les
jardins, couchés pêle-mêle sur un peu de paille, les malades
avec les morts.
   A l'entrée de l'hiver, des milliers de pestiférés ne savaient
plus où s'abriter. Un grand nombre s'étaient installés au
pied de la colline, dans des huttes appuyées contre le mur
d'une terrasse ; les pluies minèrent les fondations de ce mur,
qui s'écroula, ensevelissant sous ses ruines une foule de
victimes.
   Le Consulat fut contraint d'élever de nouveau des cabanes


En renouvelant l'inscription il y a quelques années, on a retranché les
mots ejus prxsulio ». A. PÉRICAUD, Notes et documents, p. 174. Cette
inscription n'existe plus aujourd'hui.