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     Madame ANTONIA BOSSU


        ES lettres lyonnaises sont en deuil. Loin de notre cité, aux bords
          de la Grande Bleue, en pleine possession d'une intelligence
restée très jeune, en plein talent, en pleine renommée, vient de
s'éteindre une femme que l'histoire inscrira au livre des lyonnaises
célèbres, à côté de Louise Labé et de Louisa Siefert.
   Au lendemain de cette mort si brusque, et qui nous fut à tous un
coup douloureux, nous avons dit ce que fut cette femme, grande par son
cœur et ses qualités, comment en elle les mérites de l'amie allaient de
de pair avec ceux de l'écrivain, son accueil si bienveillant (en particulier
pour ses jeunes confrères de lettres), sa causerie vivante où passait en
éclairs l'amour exalté du beau, et la haute valeur de son œuvre de
poète. Mais autant ce nous fut une joie triste de lui rendre spontané-
ment ce public témoignage d'admiration et d'affection, autant nous nous
sentons aujourd'hui effrayé devant la tache que nous confie notre
distingué directeur : faire revivre, dans des pages qui auront un caractère
plus définitif qu'un simple article de journal, la noble figure disparue,
tracer d'elle un portrait où les lecteurs à venir puissent retrouver
vivants l'œuvre et le poète.
   En effet rien n'est difficile à définir comme un talent féminin :
généralement la palette d'une femme à des nuances nombreuses et subtiles
et dans son Å“uvre, elle se confesse et se dissimule, la pudeur et la
délicatesse combattent sans cesse le besoin de se livrer, de se donner
qui est le fond même de la nature féminine. M mc Bossu n'a pas échappé
à cette loi commune, et, comme son instrument était d'une infinie