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PIERRE ESKRICII 327 Un de ses fils, Jean, né à Genève en 1552, s'était établi à Lyon et habitait aussi du côté de Fourvière. Il était Car- tier de 1571 à 1573 et portait le nom d'Escryt ( r ) ; ce qui confirme qu'Eskrich était le nom de la famille. On a vu que, malgré l'esprit de tolérance qui était dans les habitudes de la population, une première fois, notre graveur protestant était allé se fixer à Genève. Il y aurait eu certainement imprudence à revenir plus tard à Lyon en y faisant profession de la religion réformée. Eskrich sut s'accommoder au temps et au lieu. Protestant à Genève, il se déclara catholique à Lyon. Il eut, en 1568, de sa femme Jeanne Berthet, un fils qu'il fit baptiser à l'église Sainte- Croix (2), et il tint même à ce que ce baptême eût quelque éclat, puisqu'il donna à son fils pour parrain un person- nage important, Nicolas de Langes, lieutenant-général civil et criminel en la sénéchaussée et siège présidial de Lyon (3). Ce qui n'est pas moins significatif, c'est qu'il entra, comme peintre et brodeur, au service de Mgr de Mandelot, gou- verneur pour le roi à Lyon. Il est probable qu'il sollicita cet office pour n'être pas inquiété à raison de ses attaches avec Genève et au cas où l'on douterait de la sincérité de ses sentiments religieux (4). Il faut aussi considérer qu'il (1) Archives de Lyon : CC 152, f" 27 r ° ; 153, f° 31 v° ; 154, f° 31 r°; 155- (2) Cet enfant est né le 15 avril 1568; il est singulier qu'il ait eu trois marraines : Madeleine Thevenon, Claude de Réault et Innocente Pignon. (Archives de Lyon, paroisse de Sainte-Croix, GG 384, fo 373, no 2555). (3) Nicolas de Langes avait le goût des antiquités et des choses d'art. (4) Le peuple était sans doute attache à la religion catholique, mais la raison politique l'avait rendu menaçant pour les protestants. Ce qui se passa à Lyon, le 31 août 1572, huit jours après la Saint-Barthélémy a montré qu'il y avait péril pour eux.