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Paris qu'est donnée la plus large place dans Les Parents Pauvres. Et
c'est là surtout que, par une antithèse bien accusée, nous vovons passer
sous nos yeux les modestes médecins de quartier à côté des plus hautes
sommités médicales. A ce sujet, l'orateur fait observer que c'est à tort que
l'on a vu parfois dans le portrait de Desplein, celui du célèbre chirurgien
Dupuytren. Les romans de Balzac ne sont pas des romans à clés. Les
traits qu'il relève sont bien vivants, mais ils sont pris partout, et on ne
saurait en composer un seul personnage.

   Séance du j février 1901. — Présidence de M. Beaune. —
M. Lacassagne continue sa communication sur les médecins dans
Balzac. Il examine un troisième type dans le personnage de Minoret,
qui figure dans le roman d'Ursule Mironet. D'abord matérialiste fieffé,
quoique tolérant, Mirouct quitte Paris, pour se retirer en province, où
il se convertit, après avoir été ébranlé, au moment de la première com-
munion de sa nièce, Ursule Mirouet. Un tvpe de médecin âpre au gain,
inventeur des poudres et des médicaments bizarres, se trouve dans
le médecin Halpcrsoh. Ailleurs, on se trouve en présence des discus-
sions d'écoles, dont Balzac fait un tableau très vivant. A la suite d'un
rapide coup d'œil sur les médecins militaires, M. Lacassagne aborde
l'examen du médecin de campagne, que Balzac a étudié avec plus de
soin et dont il fait ressortir le modeste dévouement. En terminant,
l'orateur se demande quelle influence a subie Balzac, et il exprime l'avis
que cette influence a été celle du grand romancier, Walter Scott. Jadis
les romanciers se bornaient à raconter leurs impressions personnelles. Dé-
sormais, le roman renfermera un récit bien vécu, et des portraits bien
étudiés des personnages figurant dans ces récits. Et c'est ainsi que
Balzac a réuni des documents scientifiques sur la vie des médecins. —
M. le Président estime, comme l'orateur, que Walter Scott a exercé une
influence réelle sur nos romanciers modernes. Mais peut-être faut-il
chercher aussi l'origine du roman réaliste dans le Rohinson Crusoé de
Foé. Car c'est là que l'on voit le mieux ce que peut produire
la force de volonté, en face des difficultés quotidiennes de la vie. Quant
à Balzac, il y a lieu de distinguer avec soin deux périodes bien tranchées
dans sa vie littéraire. A l'origine, il ne brille ni par le style, ni par
la profondeur de l'idée. Et il faut arriver à la période des Parents Pau-
vres et des Scènes de la vie privée, pour reconnaître l'influence réaliste
qu'il a exercée.

   N° s- — Mai 1901.                                                 -5