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Ij6 LA PLHIADH 1-R.VNÇAlSE Comment s'appelait cet ami tant aimé ? et quelle fut Louise Labé? C'est ce qu'il est sans doute inutile de rechercher plus indiscrètement. Calvin, qui ne la connais- sait point, — mais auquel il suffisait qu'elle ne fût point calviniste, — l'a traitée quelque part, avec sa tolérance cou- tumière, de « courtisane de bas étage », pkbcia merelrix ; et les biographes de Louise Labé, tour à tour, ont parlé d'elle comme Calvin, ou défendu contre lui « sa vertu. » Pour nous, qui ne retenons d'elle que ses vers, nous ne croyons pas que l'on se puisse trompera l'ardeur de passion qu'ils respirent, et, littérairement, c'est tout ce qui nous importe. Qui aima-t-elle ? et comment aima-t-elle? Elle aima passionnément, voilà tout ce que nous pouvons dire, et c'était la première fois qu'en notre langue, la passion s'exprimait ou se déchaînait avec cette véhémence et cette naïveté. Pour la première fois, les voiles étaient ici déchi- rés, dont l'amour s'enveloppait encore dans la Délie de Scève, et aucune allégorie ne s'interposait plus, — on serait tenté de dire : ni aucune préoccupation littéraire, — entre le sentiment et son expression. Il ne faut pas douter que les poètes artistes de la Pléiade en aient été frappés comme nous, et l'exemple de Ronsard lui-même, on le verra bientôt, donnerait à penser qu'il n'a pas lu sans fruit le mince volume des Œuvres de Louise Labé, Lyonnoise. Ajoutons que Louise Labé, le bon Pontus et le « seigneur Maurice Scève » ne sont pas les seuls représentais que l'on puisse nommer de l'école lyonnaise; et, pour ne rien dire de Jeanne Gaillarde ou de Marguerite du Bourg, de Sibylle et de Claudine Scève, cousines ou sœurs de Maurice, et de tant d'autres femmes poètes dont la réputation de talent, d'esprit et de beauté a gravité autour de celle de Louise Labé, on retrouverait des traits de la « Belle Cordière »,