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462 MADAME ANTONIA BOSSU Que M mc Bossu qui, comme nous l'avons vu, a beaucoup vécu « aux rives de l'Arar » ait eu des raisons spéciales pour donner à son livre de vers ce titre gracieux, c'est ce qui importe peu à la majorité des lecteurs. Ils verront certes, que dans l'âme de ce vibrant poète, les horizons familiers, ces bords ravissants de la Saône dont Lyon est justement fier, ont souvent fait éclore l'idée poétique (Prologue le Parc abandonné). Du flot rêveur de vos rives jolies Descend en l'âme ouverte à vos mélancolies Le parfum alangui d'une amoureuse paix. Arbres qui vous penche^ sur les ondes câlines De la ville en rentrant que de fois j'ai cru voir Vos souples bras vers moi se tendre dans le soir. Doux site hospitalier qui m'est comme un ami Tendre, mystérieux Mais ils jugeront aussi, avec raison sans doute, que rien ne res- semble davantage au paresseux et délicieux voyage fait en la barque errante au fil de l'eau, que la promenade idéale que nous accomplissons avec le poète parmi ses rêves et ses visions en tournant les pages de son livre, tandis que coule sur nos âmes le flot des vers au rythme berceur. De même qu' « au fil de l'eau »,on voit défiler les monts et les col- lines, alternant avec les plaines et les vallées, qu'au velours sombre des bois succèdent les flèches pointues des clochers, au silence le bruit des marteaux, les chansons joyeuses des moissonneurs aux échos tristes des angélus, c'est tout un monde qui passe devant les yeux de notre âme avec les vers de M°>e Bossu. Le volume se divise en deux parties : Poèmes et sonnets, Roudels et chansons. Dans la première se manifeste surtout un sentiment très vif de la nature et de ses beautés, non pas une admiration païenne, mais une affection attendrie et profonde. Du reste les païens n'avaient point l'amour de la nature, ni cette tendance à chercher autour d'eux le reflet de leur âme. Les poèmes de M rac Bossu sont des tableaux brossés avec art et sensibilité, mais qui presque tous servent de prétexte à une conclusion philosophique, parfois triste, souvent consolante, car