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380            LETTRE DE MONSEIGNEUR TURINAZ

essentielle et les affirmations des écrivains, des Guides du
Voyageur et des almanachs et le portrait, son inscription et
son blason ont pour origine et pour cause une erreur dont
l'existence est démontrée, une confusion entre Pierre de
Tarentaise, qui fut Innocent V, et saint Pierre III, archevêque
de Tarentaise.
   D'autre part, l'opinion tarine ou savoisienne s'appuie sur
la tradition de la Tarentaise, dont l'existence est constatée
au xvn e siècle par le chanoine Frézal, doyen du Chapitre
de Tarentaise, au xvm e siècle par l'abbé Besson, par Grillet
et Albanis de Beaumont, au xix e siècle par M. le marquis
Costa de Beauregard, M. le chanoine Chevraz, M. l'archi-
viste Ducis. Elle a été constatée à Moutiers par M. le vicaire
général Million et à Champagny, en 1842, par M. Vêpre,
curé de cette paroisse, et, plus tard, par moi-même (1).
   Mais, ce qui est d'une suprême importance dans un débat
de ce genre, la tradition tarine ou savoisienne s'appuie sur
la tradition de l'Ordre de saint Dominique, et nous pou-
vons dire de l'Eglise, tradition démontrée par les manuscrits
du Bienheureux lui-même et les manuscrits de son époque,
et les ouvrages des historiens qui lui ont donné les noms
de Tarentasiensis, de Tareniasia. Or ces noms, précisés dans
leur signification et appliqués expressément, quant au lieu
d'origine d'Innocent V par les historiens dominicains les
plus illustres et par d'autres encore, « à la ville principale
des Centrons, à la ville de Tarentaise en Savoie, appelée


   (1) V. Un Pape savoisien, p. 57-58. •— J'ajoute que M. le chanoine
Lombard, ancien vicaire général de Tarentaise, me disait, il y a quelques
mois, avoir vu chez les demoiselles Ybord, de Moutiers, mortes très
âgées vers 1876, un portrait qu'elles affirmaient être celui d'Innocent V.
et elles prétendaient que le Bienheureux était de leur famille.