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PIERRE ESKRICH 333 partie de sa vie. M. Alfred Cartier n'est pas seulement un érudit dont la science est doublée par son esprit de péné- tration ; il a entrepris d'écrire l'histoire des de Tournes et de leur œuvre, et l'œuvre de l'illustration du livre lui est devenue aussi familière que celle de l'impression. C'est pour- quoi le savant qui avait suivi d'un œil attentif les travaux de Bernard Salomon et des tailleurs d'histoires de son école prenait un si vif intérêt à cet autre graveur oublié qui avait trouvé tant d'attrait et, il faut le dire aussi, tant de profit à leproduire les inventions du petit Bernard et qui avait même été employé par Jean de Tournes. C'est à M. Cartier que nous devons de nous être attaché avec persévérance à restituer à Pierre Eskrich nombre d'ouvrages dont les auteurs étaient ignorés ou faussement désignés, et si ardue était cette tâche que nous aurions renoncé à la poursuivre si nous n'avions pas été assuré de l'aide constante et de la rare obli- geance de notre ami ( i ) . Malgré la mention que M. Steyert, après Papillon, a faite d'Eskrich et le livre que nous avons consacré à ce maître, Eskrich est encore en réalité un inconnu. On n'a perdu le souvenir ni du maître P. V. auquel on a donné tant de noms différents ni de ce personnage imaginaire auquel est resté le nom de Moni, mais d'Eskrich, même de Cruche, on ne dit rien et la plus grande partie de son œuvre est toujours anonyme. En cet état des choses, il nous a paru que la première ( i ) Cette aide nous était d'autant plus nécessaire que M. Cartier connaissait le mieux l'histoire de l'imprimerie genevoise et la vie litté- raire au XVIe siècle. — (Voir Alfred Cartier, Arrêts du Conseil de Genève sur le fuit de l'imprimerie et de la lihrairie de 1541 d ifjo, 189;. Alfred Cartier et Adolphe Chenevière, Antoine du Moulin, valet de chambre dt la reine de Navarre, 189O.)